Des perspectives suisses en 10 langues

Les Zurichois pour deux langues étrangères au primaire

L'initiative proposait un nivellement par le bas, ont estimé les Zurichois dimanche (photo symbolique). KEYSTONE/CHRISTIAN BEUTLER sda-ats

(Keystone-ATS) Les élèves zurichois continueront d’apprendre l’anglais et le français à l’école primaire. Les citoyens ont clairement rejeté dimanche, par 60,8% des voix, une initiative des milieux enseignants demandant qu’une des deux langues soit repoussée au niveau secondaire.

La participation s’est élevée à 44,2%. Ce résultat confirme les décisions populaires prises à Zurich ces dernières années.

En 2008, les Zurichois avaient clairement approuvé l’entrée du canton dans le concordat HarmoS, qui prévoit deux langues étrangères au primaire. Une décision inverse dimanche aurait remis en cause la participation zurichoise au concordat.

En plus, en 2006, les Zurichois avaient déjà dit “non” à une initiative demandant la suppression d’une langue étrangère à l’école primaire. A noter qu’à l’époque, la démarche émanait déjà d’enseignants, mais ceux-ci étaient en minorité.

Elèves surmenés

Cette fois, les principales associations cantonales étaient derrière elle, en plus de l’UDC et de l’UDF. Ils arguaient que le système actuel surmène les élèves et que les objectifs d’enseignement ne sont pas atteints.

Le peuple a préféré suivre les opposants à l’initiative. Ces derniers montraient du doigt un nivellement par le bas et refusaient que l’anglais passe à la trappe au nom de la cohésion nationale et des pressions émanant de Berne. Le gouvernement avait en effet indiqué que c’est le français qui serait enseigné au primaire en cas de “oui”.

Silvia Steiner “soulagée”

Devant les médias, la ministre de l’instruction publique zurichoise Silvia Steiner s’est dite “très soulagée” par ce résultat qui évite au canton une gigantesque réforme dans le domaine de l’enseignement. C’est un clair soutien à HarmoS, ajoute la ministre qui préside par ailleurs la Conférence des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP), espérant que cela donnera un signal aux autres cantons, notamment à la Thurgovie.

Actuellement, l’anglais est enseigné à Zurich à partir de la 2e année primaire (4e HarmoS) et le français dès la 5e (7e HarmoS). Afin de s’aligner sur le plan d’étude scolaire alémanique et le modèle 3/5, l’anglais débutera en 3e année à partir de 2018.

Langues attaquées depuis 2004

Le principe de l’enseignement de deux langues étrangères à l’école primaire, dont une langue nationale, date de 2004. La CDIP avait alors adopté ce modèle.

La décision avait causé une levée de boucliers dans les cantons alémaniques. Dans plusieurs d’entre eux (Zoug, Schaffhouse, Thurgovie, Zurich), des initiatives pour supprimer une des deux langues avaient été refusées par le peuple.

Soutien populaire

La décision zurichoise d’alors avait en outre incité les parlements de Schwyz et Nidwald à faire marche arrière concernant le renvoi du français au secondaire. Ils ne voulaient pas faire cavalier seul et ont donné la priorité à l’harmonisation. Pour la même raison, les initiants avaient retiré leur texte à Lucerne.

Il n’est pas exclu que la nouvelle décision zurichoise de dimanche aide à calmer les esprits cette fois aussi. En Thurgovie, où le français est expressément visé, le parlement doit encore entériner sa décision de reléguer la langue nationale au secondaire. Il est probable que le peuple ait le dernier mot par voie de référendum.

Des initiatives seront également soumises au peuple à Lucerne (probablement en septembre), aux Grisons et à Bâle-Campagne. Dans ce dernier canton, il s’agit toutefois de supprimer l’anglais.

En 2015, les Nidwaldiens avaient rejeté à une majorité claire de 61,7% un texte de l’UDC demandant la suppression d’une langue étrangère au primaire. Le gouvernement avait au préalable indiqué qu’en cas de “oui”, le français passerait à la trappe.

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