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Leuthard défend les “valeurs suisses” face à l’initiative de l’UDC

Doris Leuthard a prononcé son dernier discours devant les délégués de son parti comme conseillère fédérale. KEYSTONE/URS FLUEELER sda-ats

(Keystone-ATS) L’initiative dite d’autodétermination de l’UDC menace la liberté, la crédibilité et la réputation de la Suisse, met en garde Doris Leuthard. Un “oui” au texte le 25 novembre affaiblirait la Suisse et porterait atteinte à ses valeurs, estime la conseillère fédérale.

Dans son dernier discours de ministre devant les délégués du PDC, Doris Leuthard s’est fendue samedi à Lucerne d’un plaidoyer contre l’initiative populaire soumise au peuple dans un mois. “L’initiative laisse croire qu’elle défend notre démocratie directe et notre indépendance, mais en réalité elle porte atteinte à nos valeurs!”, a-t-elle souligné.

Le texte de l’UDC vise à déstabiliser nos relations avec l’étranger, a dénoncé la ministre démocrate-chrétienne. Au total, la Suisse a conclu 4000 accords bilatéraux et 1000 accords multilatéraux avec l’étranger. Ces traités règlent les liens commerciaux, les transports ou encore les communications.

Citoyens protégés par Strasbourg

A travers l’adhésion de la Suisse à la Cour européenne des droits de l’homme, de tels accords protègent aussi les enfants ou les handicapés. Seuls 1,6% des cas traités par la Cour de Strasbourg donnent tort à la législation suisse, a rappelé la conseillère fédérale.

Les citoyens doivent pouvoir parfois se défendre contre leur propre pays, a rappelé Doris Leuthard. Cela a été le cas des victimes de l’amiante en Suisse ou celui des femmes désirant garder leur nom de famille. Et sans introduction du droit de vote des femmes, la Suisse n’aurait pas eu le droit d’adhérer à cette Cour.

Incertitude fatale à la Suisse

“L’initiative de l’UDC porte atteinte aux droits de l’homme et à la tradition humanitaire de la Suisse”, a accusé la conseillère fédérale. L’automatisme de résiliation d’accords internationaux qu’implique le texte enlève en outre le droit au peuple suisse de résilier des accords quand il le souhaite.

La Confédération serait contrainte de renégocier une multitude d’accords internationaux. “Cela engendrerait un véritable monstre bureaucratique”, déplore en outre la ministre des transports, de la communication et de l’environnement.

Enfin, l’incertitude qu’entraînerait un “oui” à cette initiative pour les Etats étrangers et les entreprises travaillant en Suisse “nous ferait perdre notre réputation d’Etat de droit fiable”, a prévenu Doris Leuthard. “Nous ne sommes pas une grande puissance. Nous avons besoin d’accords internationaux. Ceux-ci protègent les petits contre la loi du plus fort.”

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