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Loi immmigration: la loi votée après un marathon enflammé

De plus en plus de migrants aux abords du canal Saint Denis à Paris KEYSTONE/AP/THIBAULT CAMUS sda-ats

(Keystone-ATS) Le projet de loi “asile-immigration” a finalement été voté dans la nuit de dimanche à lundi par le parlement français après une semaine de vive opposition jusque dans les rangs du parti d’Emmanuel Macron. Les joutes ont duré au total 61 heures.

Le projet de loi “pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie” a été voté en première lecture par 228 voix contre 139 et 24 abstentions. Les Républicains (droite) et toute la gauche ont voté contre, tout comme les députés du Front national (FN, extrême droite).

Pour la première fois depuis l’élection en 2017 d’Emmanuel Macron, un député de son parti LREM (La République en marche), l’ex-socialiste Jean-Michel Clément, a voté contre. Menacé d’exclusion par les instances du parti, il a préféré annoncé son départ du groupe LREM. Quatorze autres députés macronistes se sont abstenus sur un total de 312 à l’Assemblée nationale.

Au Sénat maintenant de prendre la suite du débat en juin, où la majorité de droite a déjà promis de “l’amender considérablement”.

“Texte juste”

Le ministre de l’intérieur Gérard Collomb a salué l’adoption d’un “texte juste”. Dès l’ouverture des débats il y a une semaine, il avait plaidé “l’urgence à réagir” pour limiter “une immigration massive” et “en même temps” garantir le droit d’asile.

Le texte vise à réduire à six mois, contre onze aujourd’hui, l’instruction de la demande d’asile, afin d’accélérer l’intégration. Parallèlement, il vise à faciliter l’expulsion des déboutés.

“On ne peut pas prendre toute la misère du monde”, a récemment déclaré Emmanuel Macron. La France a enregistré un peu plus de 100’000 demandes d’asile en 2017, un record, et a accordé l’asile à 36% des demandeurs.

“Délit de solidarité” assoupli

Tandis que droite et extrême droite ont dénoncé le “laxisme” d’une “petite loi” et évoqué le spectre d’une régularisation des clandestins, la gauche est restée vent debout contre une loi “inhumaine”, s’opposant au doublement de la durée maximale de rétention portée à 90 jours.

Dans un geste d’apaisement, le projet de loi a été assoupli sur le “délit de solidarité” sanctionnant les personnes venant en aide aux migrants. Ce délit pénalise des citoyens venant en aide aux migrants nécessitant des secours. L’article prévoit des “exemptions”, notamment lorsqu’il s’agit de donner soins, hébergement ou nourriture.

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