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Londres maintient son opposition à une Europe de la défense

Michael Fallon, ministre britannique de la Défense britannique, estime qu'il appartient à l'OTAN, et non à l'UE, de protéger l'Europe. KEYSTONE/EPA/CHRISTIAN BRUNA sda-ats

(Keystone-ATS) La Grande-Bretagne s’opposera au projet d’Europe de la défense porté par la France et l’Allemagne tant qu’elle fera partie de l’Union européenne, a déclaré mardi le ministre britannique de la Défense. Selon lui, il appartient à l’OTAN de protéger l’Europe.

Michael Fallon a répété pendant la réunion de ses collègues européens à Bratislava que Londres était catégoriquement opposé à la formation d’une armée unique ou d’un commandement militaire européen. Il a affirmé avoir sur ce point le soutien d’autres pays européens qui veulent privilégier la protection des Etats-Unis, notamment face aux défis d’une Russie plus agressive sur le plan international.

Paris et Berlin, qui ont relancé le projet d’Europe de la défense après la victoire du Brexit au référendum du 23 juin, espéraient que le départ programmé du Royaume-Uni du bloc communautaire allait permettre de faire avancer le débat.

Mais Londres, qui conserve l’intégralité de ses droits de vote tant que le Brexit n’aura pas été mis en oeuvre, a fait comprendre mardi qu’il n’en serait rien.

“Il y a des Etats membres qui voudraient voir… un usage unique de nos forces. Pour moi, cela ressemble beaucoup à une armée européenne et nous nous y opposerons”, a déclaré Michael Fallon à la presse. “L’Europe est pleine de quartiers généraux, nous n’avons pas besoin d’en avoir un autre.”

Capacité d’action

Arrivés ensemble à Bratislava, les ministres français et allemand, Jean-Yves Le Drian et Ursula von der Leyen, ont à l’inverse défendu leur projet pendant cette réunion, destinée à débattre d’initiatives qui seront ensuite inscrites à l’ordre du jour du prochain sommet des chefs d’Etat et de gouvernement, en décembre.

Les deux ministres ont assuré qu’il n’était pas question de former une armée unique, mais de “rassembler les forces des pays européens pour être prêts à agir en commun”, selon Ursula von der Leyen, qui a cité les problèmes de coordination posés par la lutte contre le virus Ebola en Afrique en 2014 ou les limites de l’intervention en Libye en 2011.

Berlin et Paris ont exprimé en juillet le souhait de bâtir une coopération européenne plus étroite en matière de défense en prévision du départ du Royaume-Uni qui, selon l’Allemagne, a “paralysé” de telles initiatives par le passé.

“Rien d’idéologique”

Les idées qui ont émergé depuis cette date consistent à mettre en commun les moyens militaires, à approfondir la coopération dans des missions européennes et établir un commandement “civilo-militaire” commun, d’où pourraient être déployées les missions de l’UE.

Ces projets pourraient renforcer la capacité d’action de l’Union européenne à ses frontières, le cas échéant sans le soutien des Etats-Unis.

La haute représentante de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, qui a formulé mardi ses propres propositions dans la capitale slovaque, a assuré qu’il n’y avait “rien d’idéologique” derrière cette démarche commune.

“Pas de contradiction”

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a dit de son côté ne voir “aucune contradiction” entre un renforcement des capacités militaires européennes et la mission de l’OTAN.

Il a néanmoins insisté sur la nécessité pour les Européens d’augmenter leurs dépenses militaires, soulignant qu’après le départ du Royaume-Uni du bloc, environ 80% des financements de l’Alliance atlantique seraient fournis par des pays n’appartenant pas à l’UE.

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