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Lonza confirme 250 intoxications au mercure avant 1950

Des employés de Lonza lors de mesures de la pollution au mercure (archives). Keystone/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) Des intoxications au mercure d’employés de l’entreprise de spécialités chimiques Lonza, en Haut-Valais, sont signalées avant 1950. Une enquête basée sur le rapport d’investigations historiques et d’autres documents évoque 250 cas. UDC et Verts accusent le canton.

C’est une enquête menée par la RTS, Le Nouvelliste, le Walliser Bote et Le Temps qui révèle les chiffres. Dans une publication de 1952 et sur la base de plus de 250 cas d’intoxications étudiés entre 1920 et 1950, un médecin de Viège (VS) décrit les symptômes observés.

Dans sa réponse fournie aux trois journaux et à la RTS, et qu’elle a confirmée à l’ats, Lonza reconnaît samedi ce minimum de 250 cas, attestés par une historienne engagée par l’entreprise. Lonza précise qu’outre le suivi régulier de la santé des employés par des analyses d’urine, des mesures visant à minimiser le contact avec le mercure avaient été prises.

“Vacances mercure”

Les employés bénéficiaient en outre de vacances supplémentaires. Leurs habits étaient lavés sur place par l’employeur qui organisait par ailleurs une distribution de lait. Selon l’entreprise, les responsables de l’époque ont agi correctement.

Lonza ajoute que les cas ont été réglés avec les assureurs. Lorsqu’un cas était reconnu comme maladie du travail, les personnes touchées obtenaient une rente.

Dans des communiqués diffusés samedi soir, UDC et Verts demandent à l’Etat du Valais de réagir. L’UDC exige de l’Etat qu’il s’excuse et réfléchisse “à une juste indemnisation des familles qui ont perdu un proche à cause de l’ignorance, mais aussi de l’omerta, puisque pendant longtemps le système en place a voulu privilégier des intérêts économiques aux dépens de la santé de la population”.

Canton pointé du doigt

Le parti agrarien assure que le Conseil d’Etat “savait depuis longtemps, alors qu’il s’est obstiné à refuser la transparence”. Même son de cloche du côté des Verts, qui demandent eux aussi que l’Etat s’excuse auprès des familles des victimes et les dédommage.

Interrogé par la RTS, le conseiller d’Etat valaisan Jacques Melly a indiqué que “vraisemblablement, à l’époque, les cas ont été pris au sérieux et traités”. Et le chef du Département des transports, de l’équipement et de l’environnement (DTEE) d’ajouter: “J’imagine mal aujourd’hui qu’on puisse venir avec des revendications de ce genre”, mais si c’est le cas, “on les examinera”.

Les deux partis exigent en outre de nouvelles études indépendantes plus sérieuses et complètes sur le cas de pollution au mercure. Celle commandée en 2016 auprès de l’Université de Zurich serait insuffisante car portant sur un nombre sous-estimé de cas. Autre requête des Verts, un renforcement des effectifs au sein du service cantonal de l’environnement, “l’un des moins bien dotés de Suisse”.

Des travaux en cours

Dans la région de Viège, une centaine de parcelles en zone d’habitation ont été contaminées à des degrés divers par les déversements de mercure de la Lonza entre les années 1930 et 1970. Durant 40 ans, la Lonza a rejeté ses eaux industrielles chargées en mercure dans un canal.

Le rejet de ces eaux était conforme aux dispositions de l’époque. Mais, avec les années, le polluant s’est accumulé dans les boues et les sédiments du canal.

Les travaux d’assainissement, d’un coût de 51 millions de francs, ont débuté en novembre 2017. L’entreprise chimique prend à sa charge 47,5 millions, l’Etat du Valais deux millions et les quatre communes touchées se partagent le solde.

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