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Macron érige la Tunisie en rempart contre le terrorisme

Pour Emmanuel Macron, le prochain défi de la Tunisie sera de réussir un "printemps économique et social". KEYSTONE/EPA/MOHAMED MESSARA sda-ats

(Keystone-ATS) Emmanuel Macron a érigé jeudi en exemple la “révolution démocratique et culturelle” conduite en Tunisie. Il a salué notamment les progrès en matière d’égalité homme-femme, d’éducation et de réseau associatif, remparts selon lui au terrorisme et au fondamentalisme.

Au deuxième et dernier jour de sa visite d’Etat à Tunis, le chef de l’Etat français a une nouvelle fois salué le travail accompli par ce “pays ami” depuis la Révolution de Jasmin de 2011 qui a mis un terme à 23 ans de pouvoir sans partage de Zin El Abidine Ben Ali et permis la tenue d’élections libres.

Depuis sept ans, “vous avez conduit une véritable révolution culturelle et vous l’avez réussie et je veux vous rendre un hommage tout particulier”, a-t-il dit devant le parlement tunisien.

“A un moment où on pensait que la liberté de conscience, le respect des individus se perdait, vous ne les avez pas simplement restaurés, vous les avez écrits, décidés, constitués”, a-t-il ajouté, citant notamment l’inscription dans la Constitution de l’égalité homme-femme.

Islam compatible avec la démocratie

“Vous avez réussi à instaurer un Etat civil là où beaucoup pensaient que c’était impossible et, par cette révolution culturelle et démocratique, vous avez fait mentir ceux qui disent que les sociétés où l’islam est présent ne sont pas compatibles avec la démocratie”, a-t-il ajouté. “Vous avez fait mentir ceux qui veulent faire croire que l’islam est là pour régenter l’Etat et que la séparation n’est pas possible”.

“La page du Printemps arabe n’est pas tournée. Vous êtes en train de la vivre, de la faire vivre”, a-t-il ajouté. Le défi sera “de transformer ce printemps culturel et démocratique en printemps politique, économique et social” pour que cette réussite démocratique puisse changer la vie des Tunisiens, “classes moyennes comme classes populaires”.

Investissements doublés

La France prendra “toute sa part pour vous aider à construire cet avenir économique et social”, a-t-il assuré. Et d’annoncer entre autres le doublement des investissements français en Tunisie d’ici 2022.

S’exprimant quelques minutes avant lui, le président de l’Assemblée des représentants du peuple, Mohamed Ennaceur a estimé que la réussite de toute transition dépendait “du soutien apporté par les forces démocratiques à travers le monde”.

Mercredi, Emmanuel Macron avait déjà annoncé un renforcement du soutien financier de la France à la Tunisie. Il avait assuré que Paris tiendra son engagement d’un soutien de 1,2 milliard d’euros sur cinq ans (2016-2020), ajoutant une enveloppe supplémentaire de 500 millions d’euros pour la période 2020-2022.

Contestation sociale

La Tunisie, d’où est parti le “printemps arabe”, est considérée comme le seul pays de la région ayant réussi sa transition démocratique après les vagues de contestation populaire de 2011, contrairement à l’Egypte, la Libye ou le Yémen toujours en proie à l’instabilité.

Mais l’embellie économique tarde à venir. En dépit d’un frémissement de croissance (2% en 2017) et de la fréquentation touristique, le taux de chômage reste élevé (15%) et l’inflation a atteint 6% l’an dernier, touchant de plein fouet la population.

Les annonces françaises, notamment en faveur de la jeunesse, interviennent dans un contexte de contestation sociale qui a fait descendre dans la rue en janvier des milliers de personnes. Elles ont été accueillies fraîchement par le Front populaire.

Cette coalition de partis de la gauche tunisienne estime que la France “persévère dans sa politique de domination et d’ingérence dans les affaires des Etats de la région” et appelle notamment Paris à effacer la totalité de la dette publique bilatérale et à garantir la libre circulation des citoyens tunisiens.

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