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Majorité très nette pour Macron, mais moins écrasante qu’attendue

Le président français Emmanuel Macron obtient la majorité absolue à l'Assemblée nationale. KEYSTONE/EPA AFP POOL/CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / POOL sda-ats

(Keystone-ATS) Le président français Emmanuel Macron a obtenu dimanche une des plus larges majorités parlementaires de la Ve République. Sa victoire est toutefois moins écrasante qu’annoncé par certains sondages, et marquée par une abstention qui a atteint de nouveaux sommets.

Selon les chiffres du ministère français de l’intérieur, la République en marche (REM/300 élus) et son allié du MoDem (41) s’adjugent 341 sièges sur 566, hors les onze sièges des Français de l’étranger. C’est très largement au-delà de la majorité absolue de 289 sièges, mais nettement sous la barre des 400 que laissait augurer le premier tour.

Sur les onze circonscriptions de l’étranger, dix doivent revenir à la REM, dont celle de Suisse et du Liechtenstein – remportée par Joachim Son-Forget selon des résultats provisoires – et la dernière à l’UDI, ce qui donnerait une majorité de 351 sièges sur 577 au mouvement d’Emmanuel Macron.

Après cette “victoire claire”, le gouvernement a “une ardente obligation de réussir”, a commenté le premier ministre Edouard Philippe. “Nous obtenons une majorité nette, mais en même temps les Français n’ont pas voulu signer de chèques en blanc”, a commenté le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner.

Abstention record

Cette victoire est en effet entachée par le niveau de l’abstention, dépassant les 56%, selon le ministère de l’intérieur. “Notre peuple est entré dans une forme de grève générale civique”, a commenté le tribun de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, lui-même élu à Marseille.

L’alliance entre Les Républicains (LR) et l’UDI obtient 129 sièges, dont 113 pour le LR, au-dessus de la fourchette espérée à droite après le premier tour. Son chef de file François Baroin a salué un groupe “suffisamment important pour faire valoir les convictions” de la droite.

D’autres voix ont été plus critiques. “C’est plus qu’une défaite. C’est la fin d’une époque”, a commenté l’ex-ministre Valérie Pécresse.

PS laminé

Le parti socialiste ne récolte que 29 sièges, très loin des 284 sièges socialistes de l’assemblée sortante, mais là aussi moins catastrophique que redouté pour un parti qui craignait de ne pouvoir constituer un groupe parlementaire.

“La défaite de la gauche est incontournable, la déroute du parti socialiste, sans appel”, a reconnu dimanche soir le patron du parti, Jean-Christophe Cambadélis, en annonçant sa démission.

Plus à gauche, La France insoumise a vu 17 de ses membres élus et le parti communiste, dix, là aussi bien mieux que prévu. M. Mélenchon s’est posé comme le chef de file de la “résistance sociale” aux projets du gouvernement qu’il veut mener avec le groupe formé par La France insoumise. Son lieutenant Alexis Corbière et le journaliste François Ruffin entreront également à l’assemblée.

Le Pen élue

A l’extrême droite, le Front national (FN) obtient huit sièges. Sa présidente Marine Le Pen découvrira le Palais-Bourbon, de même que son compagnon Louis Aliot. Ils y rejoignent Gilbert Collard, réélu dans le Gard. S’il quadruple le nombre de ses députés, le FN échoue cependant à constituer un groupe parlementaire (15 élus).

“Face à ce bloc mastodonte du système, nous sommes la seule force de résistance à la dilution de la France”, a commenté Mme Le Pen. “Nous ne devons pas crier victoire parce que le Front national a pris un sacré coup dans la tête”, a toutefois averti Gilbert Collard, après sa réélection de justesse face à l’ex-torera Marie Sara (REM).

Nationalistes corses élus

Ce scrutin est également marqué par une première en Corse: l’élection de trois députés nationalistes. Plusieurs sortants en difficulté sont finalement élus: le patron du groupe socialiste Olivier Faure ou encore Eric Woerth et Eric Ciotti à droite et le président de l’UDI Jean-Christophe Lagarde. Protégés par la REM, les ex-ministres Stéphane Le Foll et Sylvia Pinel gardent leurs sièges.

Les six membres du gouvernement qui jouaient leur place lors de ce second tour l’ont, au moins pour l’instant sauvée, en remportant leur circonscription, alors qu’un remaniement est annoncé pour les prochains jours par l’entourage du président.

Sont en revanche battus les anciens ministres de gauche Marisol Touraine, Jean-Jacques Urvoas, Najat Vallaud-Belkacem et Myriam El Khomri et la députée LR Nathalie Kosciusko-Morizet. Même sort pour le chef de file des frondeurs PS Christian Paul ou le numéro 2 du FN Florian Philippot.

Non investi par le PS, mais non concurrencé par la REM, Manuel Valls a annoncé dans une ambiance houleuse sa réélection dans l’Essonne avec 139 voix d’avance sur sa concurrente de la France insoumise, Farida Amrani. Cette dernière a, elle aussi, revendiqué la victoire et annoncé un recours.

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