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Mandat d’arrêt lancé par la justice espagnole contre Puigdemont

Carles Puigdemont s'est réfugié en Belgique lundi soir, après avoir été destitué (archives). KEYSTONE/EPA EFE/QUIQUE GARCIA sda-ats

(Keystone-ATS) La juge de l’Audience nationale espagnole Carmen Lamela a émis vendredi un mandat d’arrêt européen contre l’ancien président catalan, a-t-on appris de source judiciaire. Carles Puigdemont est poursuivi pour sédition, rébellion et détournement de fonds publics.

Quatre autres anciens membres de l’exécutif catalan, actuellement en Belgique avec M. Puigdemon, font aussi l’objet d’un mandat d’arrêt. Les autorités belges auront trois mois pour se prononcer. La magistrate a refusé que Carles Puigdemont témoigne par vidéoconférence depuis la Belgique.

“Je vais aller à la justice, mais à la vraie justice. (…) J’ai dit à mes avocats d’exprimer à la justice belge que je suis complètement disposé à collaborer”, a expliqué le président déchu de l’exécutif catalan, dans un entretien à la télévision belge à Bruxelles. A l’opposé, la justice espagnole est “bien évidemment politisée”, a-t-il souligné.

Il s’est également dit “disposé à être candidat” aux élections du 21 décembre en Espagne même s’il doit faire campagne depuis l’étranger. “Je suis disposé à être candidat”, a-t-il déclaré, en français, à la RTBF lors d’une interview enregistrée et diffusée au journal télévisé. “Je veux être un messager pour nos concitoyens”, a-t-il ajouté.

Huit dirigeants inculpés

Avec treize membres de son exécutif et six membres du bureau du parlement régional, M. Puigdemont était appelé à comparaître jeudi devant une juge d’instruction à Madrid. Il est pourtant resté à Bruxelles pour, dit-il, alerter l’Europe sur “la répression” en Catalogne.

En revanche, le vice-président Oriol Junqueras et sept autres membres du gouvernement destitué ont comparu. Ils ont été inculpés de sédition et de rébellion puis écroués à l’issue de leur audition.

Leur incarcération a été unanimement condamnée par les indépendantistes. Jeudi soir, 20’000 personnes selon la police municipale se sont rassemblées devant le parlement catalan à Barcelone pour exiger “la libération des prisonniers politiques”.

Et vendredi, des manifestants ont bloqué des routes en Catalogne et occupé des voies dans une gare de Barcelone, provoquant des retards de trains. Des étudiants ont brièvement bloqué une artère de la métropole catalane.

“Prisonniers politiques”

La juge d’instruction a justifié par un risque de fuite la mise sous écrou des responsables indépendantistes. Le parquet les accuse d’avoir encouragé “un mouvement d’insurrection active” pour atteindre leur objectif sécessionniste. Seul un “ministre” régional – qui avait démissionné avant la proclamation de la “République” et a été le seul à répondre aux questions de la magistrate – a été libéré ce vendredi, sous caution.

Droit dans ses bottes, M. Puigdemont a estimé que la communauté internationale devait “se rendre compte du danger” que la décision de la justice constituait. La Commission européenne a pour sa part souligné que ce dossier relevait de la justice. Le gouvernement allemand a de son côté réitéré son soutien total à Madrid.

Les fissures apparues le week-end dernier au sein du camp indépendantiste semblent avoir été en partie comblées après l’incarcération des anciens membres de l’exécutif. Selon un sondage publié cette semaine, la coalition sécessionniste Junts Pel Si (Ensemble pour le oui) remporterait les élections avec 35,2% des voix. Elle pourrait avoir une majorité au parlement local en s’alliant avec le parti d’extrême gauche CUP, comme dans l’assemblée dissoute.

Changer la Constitution

Le gouvernement espagnol a déclaré vendredi que dans ce cas il n’aurait pas d’autre solution que de dialoguer avec la nouvelle majorité, dans le cadre de la loi.

“Nous pouvons à nouveau offrir des possibilités de dialogue pour trouver un arrangement afin de faire coïncider les aspirations des Catalans à plus d’autonomie et, même, on peut penser à une modification de la Constitution”, a dit le ministre espagnol des Affaires étrangères, Alfonso Dastis, au quotidien français Le Figaro.

“Certains évoquent l’idée d’aller vers un modèle fédéral pour donner plus d’autonomie aux régions, y compris financièrement. Si on modifie la Constitution, peut-être que l’on pourrait s’approcher du statut de 2010”, a-t-il ajouté.

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