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Manifestation à Genève contre l’expulsion israélienne de requérants

Les manifestants ont appelé Israël à mettre un terme à son plan d'expulsion de réfugiés et les autres gouvernements à s'opposer fermement à cette mesure. KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) Le plan israélien d’expulser au moins 10’000 Erythréens et Soudanais, peut-être vers le Rwanda, s’attire une réprobation internationale. A Genève, des manifestants ont appelé mercredi Berne à le condamner. D’autres rassemblements étaient prévus ailleurs dans le monde.

“Les réfugiés ne sont pas à vendre” ou encore “Stop aux expulsions”, criait notamment la cinquantaine de participants, réunis sur la Place des Nations à l’appel de quatre Israélo-Suisses. Parmi les banderoles, l’une accusait Israël et le Rwanda de “trafic d’êtres humains”. “Justice pour les réfugiés”, clamait une autre en quatre langues, dont l’hébreu et l’une des trois officielles en Erythrée.

“Il pourrait y avoir un précédent pour d’autres pays”, a dit à l’ats l’une des organisatrices, Dana Landau, qui dénonce une violation du droit international. “Les pays qui sont sensibles aux droits de l’homme et aux obligations internationales pour les réfugiés, comme la Suisse, doivent envoyer un message clair” contre cette mesure israélienne. La Suisse a récemment durci sa position à l’égard de certains Erythréens.

“Il y a une extrême droite très forte en Israël”, mais aussi dans des pays européens, renchérit un autre organisateur, le conseiller municipal PS genevois Emmanuel Deonna qui cible l’attitude de l’UDC en Suisse. “Partout, ce sont les mêmes mécanismes de rejet. Il y a beaucoup d’hypocrisie à l’égard des réfugiés”, dit-il.

Contacté mercredi par l’ats, le Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE) a indiqué qu'”Israël se doit de respecter ses obligations issues de la Convention de Genève de 1951 sur le statut des réfugiés, en particulier le principe du non-refoulement”. Le DFAE a ajouté que ce message avait déjà été transmis par Berne aux autorités israéliennes “à plusieurs reprises”.

Mesure ciblée par le HCR à Genève

Israël aurait conclu un accord avec le Rwanda et l’Ouganda, qui ont démenti un tel arrangement, pour transférer au moins 10’000 demandeurs d’asile, surtout des hommes seuls dont il n’a pas examiné le statut. L’Etat hébreu a déjà signifié à ces personnes l’ordre de partir, sous peine d’être détenues, et souhaiterait même élargir d’ici fin mars cette mesure aux 28’000 autres requérants de ces deux pays présents sur son territoire.

Ces Erythréens et Soudanais doivent recevoir 3500 dollars chacun (environ 3290 francs) et un billet d’avion vers un pays tiers. Le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) a dénoncé une telle “externalisation” des obligations à l’égard de personnes qui doivent être protégées.

En 2017, selon des chiffres officiels, plus de 400 migrants irréguliers ont quitté Israël. Depuis un an, des rapports ont montré que certains Erythréens et Soudanais ont déjà été transférés vers le Rwanda et l’Ouganda.

A leur arrivée, “ils n’ont pas bénéficié d’une protection sûre ni d’un statut”, déplore Mme Landau. Certains ont été privés de leur argent ou remis à des trafiquants, selon elle. Au moins une personne a été acheminée au Soudan où elle a été exécutée et d’autres ont été vendus comme esclaves en Libye, a-t-elle ajouté.

Une vingtaine d’autres rassemblements étaient prévus mercredi dans le monde entier, surtout devant les représentations rwandaises. Des milliers de demandeurs d’asile africains ont notamment manifesté en Israël.

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