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Marine Le Pen jugée pour la 1ère fois pour incitation à la haine

(Keystone-ATS) La présidente du FN Marine Le Pen a été renvoyée en correctionnelle pour ses propos sur les prières de rue musulmanes comparées à l’Occupation nazie, a-t-on appris mardi auprès du trésorier du parti. Ce responsable a été inculpé dans une autre affaire.

“On a été informés de ce renvoi”, a indiqué le trésorier du Front National (FN) Wallerand de Saint-Just. La chambre d’instruction de la cour d’appel de Lyon avait annulé en 2014 la procédure visant Marine Le Pen pour ces propos.

Les juges avaient estimé que l’association qui avait déposé plainte était irrecevable à le faire. “Mais le parquet a réussi à faire revivre la procédure”, a dit Wallerand de Saint-Just.

En juillet 2013, le Parlement européen s’était prononcé pour la levée de l’immunité de la présidente du FN. Cette décision avait ouvert la voie à une procédure judiciaire à Lyon. En décembre 2010, pendant une réunion publique à Lyon, Marine Le Pen, alors en campagne pour la présidence du FN, avait dénoncé dans un discours les “prières de rue”.

Abus de biens sociaux

“Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la Seconde Guerre mondiale, s’il s’agit de parler d’Occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça c’est une occupation du territoire”, avait-elle déclaré.

Wallerand de Saint-Just a lui été inculpé lundi par la justice dans une affaire de financement du parti, a appris l’AFP de source judiciaire. Tête de liste du Front national en région parisienne pour les régionales de décembre, il devra répondre de recel d’abus de biens sociaux.

L’ombre de Taubira

Wallerand de Saint-Just a aussi été placé sous le statut intermédiaire de témoin assisté pour complicité d’escroquerie au préjudice de l’Etat lors des législatives de 2012. Les juges d’instruction soupçonnent notamment le FN d’avoir mis en place un système d’enrichissement frauduleux avec de l’argent public via un micro-parti, “Jeanne”, une formation gérée par des proches de Marine Le Pen, et le principal imprimeur du mouvement, l’entreprise Riwal.

Selon les enquêteurs, Riwal aurait surfacturé les prix de kits de campagne (tracts, affiches) vendus aux candidats, dont les dépenses ont été ensuite remboursées par l’Etat comme le prévoit la loi au-delà de l’obtention de 5% des suffrages exprimés. Ce scénario qui fonde les mises en examen pour escroquerie est totalement réfuté par le FN. Les juges soupçonnent aussi un financement illégal du FN et de Jeanne par Riwal, via des facilités de paiement, la prise en charge d’employés, de salaires, de matériel et de locaux.

C’est “une affaire politique” derrière laquelle il y a “l’ombre de Madame Taubira” (la ministre de la justice, PS), a réagi mardi le vice-président du FN Florian Philippot.

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