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May brocarde les colonies israéliennes, “obstacle” à la paix

La Première ministre britannique, Theresa May, a reçu son homologue israélien Benjamin Netanyahu dans sa résidence du 10, Downing Street à l'occasion des cent ans de la déclaration Balfour. KEYSTONE/EPA POOL/NEIL HALL / POOL sda-ats

(Keystone-ATS) La première ministre britannique a dénoncé l’établissement de colonies israéliennes dans les territoires palestiniens. Elles sont un “obstacle” à la paix, selon Theresa May qui recevait Benjamin Netanyahu à l’occasion du centenaire de la déclaration Balfour.

“Je suis sûre que nous aborderons la question du processus de paix, et j’aimerais parler de ce que nous considérons comme des obstacles et des difficultés à ce processus, notamment les colonies illégales”, a dit la dirigeante britannique lors d’un entretien avec son homologue israélien M. Netanyahu dans sa résidence du 10, Downing Street. Elle a également affirmé que “le Royaume-Uni reste attaché à une solution à deux Etats”.

M. Netanyahu a lui aussi souligné son attachement au processus de paix. “Israël est engagé pour la paix, je suis engagé pour la paix”, a-t-il déclaré. Mais il a appelé les Palestiniens à “accepter, cent ans après la déclaration Balfour, l’État juif”. “Quand ils le feront, la route vers la paix sera infiniment plus courte”, a-t-il estimé. “La paix deviendra alors possible”.

“Foyer national pour le peuple juif”

Publiée le 2 novembre 1917, la déclaration Balfour est un texte signé par le ministre britannique des Affaires étrangères de l’époque. Arthur Balfour y affirme que “le gouvernement britannique considère favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif”.

En Israël, ce texte est considéré comme la préfiguration de la création de l’Etat hébreu en 1948. Pour les Palestiniens, en revanche, ce texte marque le début d’une “catastrophe”.

Dans la soirée, Theresa May et Benjamin Netanyahu devaient participer à un dîner en présence notamment de Roderick Balfour, un des descendants de l’auteur de la déclaration. “Nous sommes fiers d’avoir joué un rôle pionnier dans la création de l’Etat d’Israël”, devait déclarer Mme May lors de cette réception, selon des extraits de son discours publiés à l’avance par ses services.

“Antisémitisme pernicieux”

La dirigeante mettra également en garde contre “une forme pernicieuse d’antisémitisme qui utilise la critique des actions du gouvernement israélien comme une justification méprisable pour remettre en question le droit même d’Israël à exister”.

Le dîner aura lieu sans le chef de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn, qui a décliné l’invitation pour cause “d’autres engagements”, a indiqué son parti. Il sera néanmoins représenté par Emily Thornberry, responsable des Affaires étrangères au sein du Labour.

Cette absence risque de ne pas passer inaperçue alors que le parti d’opposition a dû gérer ces dernières années des accusations d’antisémitisme. M. Corbyn lui-même a été critiqué pour avoir rencontré des membres du Hezbollah et du Hamas.

Manifestations en Palestine

Dans les territoires palestiniens occupés, des milliers de Palestiniens ont manifesté jeudi à l’occasion du centenaire de la déclaration Balfour. En Cisjordanie occupée, environ 4000 manifestants se sont rassemblés à Naplouse, où certains ont scandé “Colonisateurs britanniques, nous voulons que vous vous excusiez”.

A Ramallah, des centaines de personnes ont défilé, certaines portant des pancartes affirmant que “L’héritage de Balfour, c’est l’apartheid” et à Hébron, des manifestants ont brûlé des drapeaux britanniques. A Gaza, plus de 3000 personnes ont participé à un défilé entre une place de la ville et le quartier général des Nations unies.

Iran: “Corriger l’accord”

Lors de sa visite à Downing Street, M. Netanyahu a par ailleurs adressé une mise en garde contre la “menace” que pose selon lui l’Iran, “déterminée à dominer la région et à développer des armes nucléaires”. Il a appelé à “corriger l’accord” sur le nucléaire iranien, qui présente selon lui plusieurs “défauts”.

Il a néanmoins indiqué qu’il ne souhaitait pas “éliminer l’accord”, une position en retrait de celle qu’il avait défendue en septembre, quand il avait demandé aux grandes puissance de “réviser ou annuler” celui-ci. “Nous restons attaché à cet accord”, a répondu Theresa May.

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