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Mea culpa d’Erdogan qui n’a pas su révéler le vrai visage de Gülen

Le secrétaire général du Conseil de l'Europe, Thorbjorn Jagland, en compagnie du président turc Recep Tayyip Erdogan. KEYSTONE/AP POOL Presidential Press Service/KAYHAN OZER sda-ats

(Keystone-ATS) Le président turc Recep Tayyip Erdogan a fait pour la première fois un mea culpa mercredi sur ses liens avec Fethullah Gülen. Il a demandé pardon aux Turcs pour ne pas avoir “su révéler le vrai visage” de son ex-allié.

Gülen, prédicateur turc exilé aux Etats-Unis, est accusé par Ankara d’être derrière le coup d’Etat du 15 juillet qui a fait vaciller le pouvoir et la Turquie en réclame l’extradition à Washington. “Je me sens triste de ne pas avoir réussi à révéler depuis longtemps le vrai visage de cette organisation traître”, a dit M. Erdogan, utilisant un ton rare d’humilité chez un chef de l’Etat au discours habituellement très combatif, voire martial.

“Je sais que nous devons rendre des comptes à la fois à notre Dieu et à notre peuple, qu’ils “nous pardonnent”, a-t-il dit lors d’une conférence de leaders religieux à Ankara. “J’ai personnellement aidé cette structure en dépit de divergences de vues sur de nombreuses questions, pensant que nous pouvions être d’accord sur le plus faible dénominateur commun”, a-t-il poursuivi.

“Nous les avons tolérés parce qu’ils disaient ‘Allah'”, a-t-il dit au sujet des sympathisants de l’ex-imam, qui a nié toute implication dans le putsch manqué.

Proche allié

L’énorme scandale de corruption en 2013 a montré “pour la première fois leur vrai visage”, a dit le président Erdogan au sujet des sympathisants de Gülen, accusés d’avoir été à la manoeuvre.

Les relations de MM. Erdogan et Gülen s’étaient gâtées avec ce scandale de corruption qui a impliqué des ministres et des proches de M. Erdogan. L’influence de Gülen sur la scène politique turque remonte en fait aux années 70, bien avant le début du règne de M. Erdogan. Puis Gülen a été un proche allié d’Erdogan.

“A partir de maintenant, le temps du soupçon est révolu et l’ère de la lutte a commencé”, a ajouté le président alors que les critiques se multiplient sur l’ampleur de la purge en Turquie après le putsch manqué. “A partir de maintenant, qui que ce soit qui prêtera l’oreille au délire de ce charlatan”, de ce “chef terroriste en Pennsylvanie, doit être prêt à en assumer les conséquences”.

Réaction du Conseil de l’Europe

La Turquie doit juger les responsables de la tentative de putsch militaire, mais elle doit respecter l’Etat de droit et les droits de l’homme, a pour sa part estimé mercredi le secrétaire général du Conseil de l’Europe, Thorbjorn Jagland, lors d’une conférence de presse à Ankara.

Aux côtés du ministre des Affaires étrangères turc, il a également admis qu’il y avait eu un malentendu entre l’Europe et la Turquie sur l’ampleur du réseau secret qui aurait infiltré l’armée et le système judiciaire.

Le ministre de l’Intérieur turc, Efkan Ala, a déclaré mercredi que l’agence de renseignement serait rapidement réformée. Il a ajouté que des failles dans les services de renseignement avaient permis la tentative de putsch.

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