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Mercosur-AELE: prudence à Genève sur un possible effet Bolsonaro

Spécialiste des affaires européennes et des affaires commerciales, le Vaudois Henri Gétaz a retrouvé des "dossiers familiers" en devenant secrétaire général de l'AELE. KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) L’AELE “n’a ni la taille, ni l’intention de se lancer dans un bras de fer commercial”, dit son secrétaire général Henri Gétaz. Avant la dernière ministérielle de Johann Schneider-Ammann, le Vaudois est prudent sur le contexte et ne spécule pas sur un effet Bolsonaro.

L’Association européenne de libre-échange (AELE) est le neuvième acteur mondial pour le commerce des biens et le cinquième pour les services. Dans un environnement de tensions commerciales, “malgré la rhétorique actuelle, les accords existants offrent une certaine protection contre l’arbitraire” aux membres, dit dans un entretien à Keystone-ATS le nouveau secrétaire général, arrivé il y a deux mois.

M. Schneider-Ammann présidera le 23 novembre à Genève sa dernière conférence ministérielle de cette institution dont font partie la Suisse, le Liechtenstein, la Norvège et l’Islande. Quel que soit le successeur du conseiller fédéral au gouvernement, M. Gétaz s’attend à une continuité des positions suisses en matière économique et commerciale sur la scène internationale.

“La politique suisse dans l’AELE est celle du Conseil fédéral”, dit-il. Certes, les affinités personnelles “jouent un rôle” dans une entité de quatre membres, mais les priorités nationales bien ancrées garantissent une stabilité.

Avant la fin de l’année, un nouveau tour de négociations est prévu avec le Mercosur, avant l’entrée en fonctions de Jair Bolsonaro au Brésil. Ensuite, “on verra. Il n’y a pas lieu de spéculer sur la base de déclarations de campagne électorale”, affirme le secrétaire général.

Pas encore de date avec l’Indonésie

Le président élu du Brésil a affiché une certaine ouverture commerciale en s’entourant d’un fervent défenseur du libre-échange comme prochain ministre de l’économie. Mais il fait preuve également de distance à l’égard du Mercosur, l’espace de libre-échange latino-américain dont fait partie son pays.

L’UE semblait elle proche d’un accord avec ce bloc sud-américain, ce qui aurait sonné l’urgence pour l’AELE d’une conclusion d’un arrangement similaire. “Pour nous, il faut éviter d’être discriminés par rapport à nos principaux concurrents”, affirme M. Gétaz.

Le blocage actuel entre Bruxelles et le Brésil donne davantage de temps aux Etats membres de l’Association. A tel point que M. Gétaz ne souhaite pas s’avancer sur un possible calendrier.

Ni non plus sur la date de la signature de l’accord avec l’Indonésie, avant la fin de l’année ou non. “C’est à l’examen”, dit le Vaudois. M. Schneider-Amman avait annoncé qu’une entente sur le fond avait été trouvée après plusieurs années de négociations. “Quelques clarifications techniques doivent encore être apportées”, affirme de son côté le secrétaire général.

Effet lié au Brexit à absorber l’année prochaine

En 2019, le Brexit affectera de nombreux acteurs, dont les pays de l’AELE. La Grande-Bretagne n’a pas affiché un intérêt pour rejoindre l’Association. La question d’un accord pour régler les relations commerciales entre ces deux partenaires ou de plusieurs ententes entre les Britanniques et chacun des quatre membres n’est pas décidée. “C’est encore entièrement ouvert”, affirme le secrétaire général.

Sur un autre mécanisme bilatéral, en juin dernier, des ONG suisses avaient dénoncé la révision de l’accord de l’AELE avec la Turquie dans le contexte politique de ce pays. “Il y a toutes sortes de voix qui s’expriment”, dit M. Gétaz. Mais pour membres de l’Association, “les éléments des droits de l’homme sont suffisamment pris en compte dans cet accord”, selon lui.

Autre affaire dans la région, le secrétaire général ne s’exprime pas sur d’éventuelles conséquences de l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi sur les relations commerciales avec Ryad. Celles-ci relèvent de l’appréciation des quatre pays membres, dit-il.

A titre personnel, M. Gétaz estime prématuré de tirer un premier bilan de son activité après seulement deux mois de mandat. Spécialiste des affaires européennes et des affaires commerciales, il a retrouvé des “dossiers familiers”.

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