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Merkel à “Tristan et Iseult” en ouverture du festival de Bayreuth

(Keystone-ATS) Le rideau s’est levé samedi après-midi sur le célèbre Festival d’opéra de Bayreuth, entièrement dédié à l’oeuvre de Richard Wagner. A signaler, notamment, le retour cette année de la chancelière Angela Merkel et un nouveau “Tristan et Iseult”.

Passionnée d’opéra, Mme Merkel a gravi peu avant 16h00 la “Colline verte” sur laquelle est perché le théâtre du Festspielhaus, vêtue d’un tailleur et d’une jupe longue turquoises, aux côtés de son époux Joachim Sauer et de tout le gratin politico-économique de l’Allemagne. La chancelière avait manqué l’ouverture du festival bavarois l’an dernier pour la première fois en dix ans, évoquant un “conflit d’agenda”, avant d’assister à quelques représentations la semaine suivante.

La manifestation s’est ouverte par une nouvelle production de “Tristan et Iseult” mise en scène par Katharina Wagner, une arrière petite fille du compositeur, qui codirige Bayreuth depuis 2009 avec sa demi-soeur Eva Wagner-Pasquier.

Katharina, 37 ans, prendra seule la tête du festival à la fin de l’été après le retrait annoncé d’Eva, 70 ans, et son “Tristan” est d’autant plus attendu que sa liste de productions est peu fournie et sa direction controversée. Pour l’heure, elle n’a réalisé à Bayreuth qu’un “Maîtres chanteurs de Nuremberg” éreinté par la critique et boudé par le public, et a fait évoluer les choix esthétiques du festival en privilégiant des artistes au tempérament provocateur.

Billets difficiles à obtenir

L’édition 2013, lors du bicentenaire de Richard Wagner, avait été marquée par une interprétation du “Ring” par Frank Castorf, enfant terrible du théâtre allemand, décriée bien au-delà des milieux conservateurs de l’opéra.

Les billets pour Bayreuth restent néanmoins parmi les plus difficiles à obtenir au monde, assure le responsable commercial du festival, Heinz-Dieter Sense, avec jusqu’à 13 ou 14 ans d’attente pour certaines productions. Sur les 60’000 billets en vente cette année, environ 45’000 sont destinés au grand public – dont la moitié disponible en vente directe sur internet – et 15’000 sont réservés à la Société des Amis du festival, l’un des principaux mécènes.

Déchirures internes

Depuis la création de Bayreuth, fondé en 1876 par Wagner lui-même, les descendants du compositeur se déchirent régulièrement pour le contrôle de l’événement, où se presse chaque année l’élite politique et sociale du moment. Adolf Hitler était lui-même un wagnérien ardent et se rendait régulièrement au festival.

A certains moments, ces querelles intestines entre les différentes branches de la famille Wagner ont même menacé d’éclipser le festival. Cette année n’a pas dérogé à la règle.

La presse s’est ainsi faite l’écho d’un complot, vigoureusement démenti, qu’auraient ourdi Katharina Wagner et le chef d’orchestre Christian Thielemann afin qu’Eva Wagner-Pasquier n’accède plus à la “Colline verte” une fois les répétitions de “Tristan” entamées.

Le Festival de Bayreuth se tiendra jusqu’au 28 août avec 30 représentations de sept opéras : “Tristan et Iseult”, “Lohengrin”, “Le Vaisseau fantôme” et les quatre oeuvres du “Ring”.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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