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Merkel au chevet de son gouvernement après un rude revers électoral

Après le revers électoral subi en Hesse, le plus urgent pour la chancelière Angela Merkel consiste à empêcher les sociaux-démocrates, au bord de l'implosion, de quitter la coalition (archives). KEYSTONE/AP/MARKUS SCHREIBER sda-ats

(Keystone-ATS) Angela Merkel veut tenter lundi de ressouder sa fragile coalition gouvernementale allemande, plus que jamais en sursis. Les deux grands partis qui composent cette dernière ont essuyé un cuisant revers électoral lors d’un scrutin régional.

“La situation pour Merkel est sérieuse. La question est de savoir si nous allons bientôt devoir apposer derrière sa coalition la mention: en liquidation”, ironise lundi dans un éditorial le quotidien de référence Süddeutsche Zeitung.

Les deux grands partis associés au gouvernement de la chancelière à Berlin – son propre mouvement de centre-droit CDU et les sociaux-démocrates du SPD – ont subi dimanche des pertes équivalentes lors des élections régionales en Hesse, la région où est située la capitale financière du pays, Francfort.

Le premier arrive certes en tête et va pouvoir continuer à diriger le Land au sein d’une alliance, mais son score de 27,2%, selon les estimations, représente un recul de 11 points par rapport au précédent scrutin de 2013. Même repli pour le SPD qui émarge à un peu moins de 20%.

A l’inverse, les écologistes ont doublé leur score à près de 19,6%, tandis que l’extrême droite a réussi à entrer dans le dernier parlement régional où elle n’était pas encore représentée avec un bond à 13%.

Grogne anti-Merkel

Dans l’immédiat, le plus urgent pour Angela Merkel, qui doit s’exprimer lundi à 13h00 à Berlin, consiste à empêcher les sociaux-démocrates, au bord de l’implosion, de quitter la coalition. Ce scénario signerait la fin du gouvernement, des élections anticipées et très probablement la fin de la carrière politique de la chancelière.

La présidente du SPD Andrea Nahles a agité dimanche soir la menace d’un départ faute de garanties rapides. Elle a “exigé” une “feuille de route” précise fixant des mesures à prendre d’ici à l’automne 2019 par le gouvernement pour améliorer le quotidien de la population. La formation évaluera à la lumière de cette feuille de route si “nous avons encore notre place dans ce gouvernement”, a-t-elle averti, plaçant de facto la coalition en sursis.

Outre les sociaux-démocrates, Angela Merkel va aussi avoir fort à faire dans les jours et semaines à venir fort au sein de son propre camp conservateur, où la grogne croît à son égard. La numéro deux du mouvement, Annegret Kramp-Karrenbauer, a parlé dimanche soir d’un résultat “très douloureux” en Hesse. Il s’agit du deuxième scrutin régional décevant pour le camp conservateur allemand, après la Bavière il y a deux semaines.

Angela Merkel a passé 13 ans au pouvoir. Mais sa popularité n’a cessé de refluer depuis sa décision d’ouvrir les frontières du pays à plus d’un million de demandeurs d’asile en 2015 et 2016, à mesure que celle de l’extrême droite anti-migrants progressait. La chancelière affrontera un test crucial début décembre lors d’un congrès de la CDU où elle doit en principe remettre son poste de présidente du parti en jeu.

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