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Meurtre de Boris Nemtsov: Poutine promet de punir les coupables

(Keystone-ATS) Le président Vladimir Poutine a promis samedi de tout faire pour punir les assassins de l’opposant Boris Nemtsov, dont le meurtre a choqué les dirigeants occidentaux et l’opposition en Russie. Les alliés du Kremlin ont pour leur part dénoncé une “provocation” visant à déstabiliser le pays.

“Tout sera fait pour que les organisateurs et exécutants de ce crime lâche et cynique reçoivent le châtiment qu’ils méritent”, a assuré Vladimir Poutine dans un message de condoléances adressé à la mère de la victime.

Boris Nemtsov, 55 ans, a été premier vice-premier ministre du président Boris Eltsine à la fin des années 1990. Après l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000, il était devenu l’un des principaux opposants au Kremlin.

Quatre balles dans le dos

Des milliers de personnes ont déposé des fleurs et des chandelles samedi sur le Grand Pont de pierre, non loin du Kremlin. C’est là que M. Nemtsov a été tué vendredi, peu avant minuit, alors qu’il se promenait avec une jeune femme venue d’Ukraine et présentée comme sa compagne.

Le meurtre a été soigneusement planifié, a estimé le Comité d’enquête de Moscou sur la base des premiers éléments disponibles. “Vers 23h15, une voiture s’est approchée d’eux, quelqu’un a tiré des coups de feu, dont quatre l’ont touché dans le dos, causant sa mort”, a déclaré une porte-parole du ministère de l’Intérieur, Elena Alexeeva, à la chaîne de télévision Rossiya 24.

Preuves contre Moscou

Le président ukrainien Petro Porochenko a affirmé que Boris Nemtsov a été assassiné parce qu’il s’apprêtait à divulguer des preuves de l’implication de Moscou dans le conflit séparatiste en Ukraine.

“Il disait qu’il allait révéler des preuves convaincantes de l’implication des forces armées russes en Ukraine. Quelqu’un avait très peur de cela, ils l’ont tué”, a dit M. Porochenko, ajoutant que M. Nemtsov lui avait confié il y a quelques semaines qu’il possédait la preuve du rôle joué par la Russie dans la crise ukrainienne.

“Il était un pont entre l’Ukraine et la Russie, et ce pont a été détruit par les coups de feu d’un assassin. Je pense que ce n’est pas par hasard”, a réagi le président ukrainien.

Parmi les nombreuses condamnations à l’étranger, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a dénoncé “un meurtre brutal”. Il souhaite que les autorités russes fassent tout leur possible pour que ce crime soit élucidé et que les coupables ne restent pas impunis.

“Epouvantable assassinat politique”

L’ancienne dissidente Lioudmila Alexeeva a résumé le sentiment de ceux qui soutenaient Boris Nemtsov dans sa lutte contre les autorités: “C’est un épouvantable assassinat politique”.

Comme d’autres membres de l’opposition, Boris Nemtsov était aussi parti en lutte contre la corruption. Dans des rapports, il avait dénoncé le coût pharaonique des Jeux olympiques d’hiver de Sotchi et dressé la liste de nombreux bâtiments publics, hélicoptères et avions mis à la disposition de Vladimir Poutine.

Quelques heures avant d’être assassiné, il appelait les Russes – sur l’antenne de la radio indépendante Echo de Moscou – à manifester dimanche dans la capitale contre “l’agression de Vladimir Poutine” en Ukraine et pour l’arrêt de la guerre dans l’Est séparatiste.

“La décision a été prise d’annuler la manifestation et d’organiser à la place une marche dans le centre de Moscou” à la mémoire de Nemtsov, a déclaré l’un de ses compagnons de l’opposition, Mikhaïl Kassianov, ancien Premier ministre de M. Poutine.

“Relancer l’hystérie antirusse”

Du côté des alliés du Kremlin, l’accent était mis sur l’aspect “provocateur” de cet assassinat, et les risques de déstabilisation pour la Russie.

“M. Poutine a déclaré que cet assassinat brutal portait les marques d’un meurtre commandité et avait tout d’une provocation”, a dit son porte-parole Dmitri Peskov.

“Manifestement, il faut que le sang coule pour que des troubles éclatent dans le centre de Moscou”, a commenté le chef du parti communiste Guenadi Ziouganov. Un autre responsable du parti, Ivan Melnikov, a estimé qu’il s’agissait d’une “provocation destinée à relancer l’hystérie antirusse à l’étranger”.

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