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Michelle Bachelet nommée Haut-commissaire aux droits de l’homme

La présidente chilienne Michelle Bachelet s'était exprimée devant le Conseil des droits de l'homme l'année dernière à Genève (archives). KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a nommé l’ancienne présidente chilienne Michelle Bachelet à la tête du Haut-Commissariat aux droits de l’homme. Mme Bachelet succédera au Jordanien Zeid Ra’ad Al Hussein, en poste depuis 2014 à Genève.

A 66 ans, Michelle Bachelet fait partie des femmes politiques les plus puissantes au monde. Elle a été la première directrice d’ONU Femmes, l’agence des Nations unies promouvant l’égalité entre femmes et hommes, à sa création, en 2010.

Fille d’un général opposé au régime d’Augusto Pinochet, elle a été détenue et torturée par la police politique du dictateur en 1975. Sa nomination, annoncée dans un communiqué mercredi, doit encore être validée par l’Assemblée générale, qui est composée des 193 Etats membres de l’ONU.

Ne pas “mettre un genou à terre”

En qualifiant de “raciste” le Premier ministre hongrois Viktor Orban et de “dangereux” le président américain Donald Trump, son prédécesseur au Haut-Commissariat aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, a souvent provoqué la controverse, perdant ainsi le soutien de plusieurs pays influents. Cela l’a poussé à ne pas solliciter de second mandat.

Après s’être mis à dos les Etats-Unis, la Russie et la Chine pendant les quatre années de sa tenure, il a reconnu que “dans le contexte géopolitique actuel”, rester en poste “pourrait signifier mettre un genou à terre en supplication”.

“Le silence ne vous assure aucun respect”, avait estimé la semaine dernière auprès de journalistes celui qui doit quitter ses fonctions le 31 août. Il a ajouté qu’il donnerait comme conseils à son successeur d'”être juste et de ne pas faire de discrimination envers un quelconque pays”, et “d’être prêt à ferrailler”.

Perspective unique

Des organisations de défense des droits de l’homme avaient cependant exprimé des inquiétudes quant à la possibilité que le secrétaire général de l’ONU remplace Zeid Ra’ad Al Hussein par une personnalité moins virulente. “Si elle est choisie, (Michelle) Bachelet aura l’un des emplois les plus difficiles au monde, à un moment où les droits de l’homme subissent une attaque généralisée”, estimait avant l’annonce d’Antonio Guterres le directeur de Human Rights Watch, Kenneth Roth.

“En tant que victime elle-même, elle amène à ce rôle une perspective unique sur l’importance d’une défense vigoureuse des droits humains”, ajoute-t-il.

L’année dernière, Antonio Guterres l’a nommée pour faire partie d’un conseil consultatif de haut niveau pour le conseiller sur des initiatives de médiation. Il l’avait qualifiée de “championne des droits des femmes à long terme”.

Réformes progressistes

Née en 1951 à Santiago, Michelle Bachelet poursuivait ses études de médecine quand elle a été arrêtée, détenue et torturée avec sa mère par la police politique du dictateur Pinochet en janvier 1975. La socialiste, pédiatre de formation, a été la première femme présidente du Chili, entre 2006 et 2010 et à nouveau de 2014 à 2018.

Elle a bousculé lors de son second mandat une société réputée très conservatrice par une série de réformes progressistes, dont l’adoption du mariage homosexuel et la dépénalisation de l’avortement.

D’autres noms avaient circulé pour occuper le poste, dont l’ex-directrice générale de l’UNESCO Irina Bokova, considérée comme proche de la Russie, la récente présidente argentine de la Cour pénale internationale (CPI) Silvia Fernandez de Gurmendi ou le conseiller spécial de l’ONU sur la prévention du génocide Adama Dieng.

Le Zurichois Nils Melzer, rapporteur spécial contre la torture depuis 2016, avait de son côté annoncé publiquement à la fin juillet avoir déposé sa candidature.

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