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Mille cinq cent Palestiniens détenus par Israël en grève de la faim

Rassemblement pour la libération de prisonniers palestiniens en Israël (archives). KEYSTONE/EPA/ALAA BADARNEH sda-ats

(Keystone-ATS) Mille cinq cents Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes ont entamé lundi une grève de la faim, inédite depuis des années, selon un responsable palestinien. Cette grève suit l’appel de Marwan Barghouthi, chef de la deuxième intifada condamné à perpétuité.

Cette grève de la faim vise à “mettre fin aux abus” de l’administration pénitentiaire, a indiqué Marwan Barghouthi, figure de la résistance palestinienne à l’occupation israélienne, dans une tribune envoyée au quotidien New York Times depuis sa prison de Hadarim, dans le nord d’Israël.

Les détenus entendent notamment protester contre la pratique israélienne de détention administrative, c’est à dire sans inculpation ni jugement, qui a été appliquée à des milliers de personnes depuis les années 1980 et touche actuellement 500 détenus.

Précédents

Le mouvement de protestation faisait lundi la Une des médias palestiniens, tant la question des prisonniers incarcérés par l’Etat hébreu – actuellement 6500 – est centrale pour les Palestiniens.

Depuis 1967 et l’occupation par l’armée israélienne des Territoires palestiniens, plus de 850’000 d’entre eux ont été emprisonnés par Israël, selon leurs dirigeants.

Ces dernières années, plusieurs Palestiniens se sont lancés dans des grèves de la faim individuelles pour protester contre des abus. Elles les ont menés au bord de la mort et se sont conclues par des accords sur leur libération. Certains ont toutefois été arrêtés de nouveau ensuite.

“Test” pour Israël

Ces initiatives individuelles ont suscité de vifs débats dans la société palestinienne, de nombreuses voix dénonçant des actes dangereux pour ceux qui les mènent et sans impact sur les conditions de l’ensemble des prisonniers.

Cette fois-ci, pour la première fois depuis des années, il a été décidé d’un mouvement collectif, qui pourrait être “un test” pour Israël, prévenait il y a quelques jours Qaddoura Farès, qui dirige le Club des prisonniers palestiniens, l’ONG qui fait autorité dans les Territoires occupés sur la question des détenus.

Marwan Barghouthi, grand rival du président Mahmoud Abbas au sein de son parti du Fatah et régulièrement en tête dans les sondages sur une hypothétique présidentielle palestinienne, est à l’origine de ce mouvement.

“Apartheid judiciaire”

Il a dénoncé “un apartheid judiciaire qui garantit une impunité pour les Israéliens ayant commis des crimes contre des Palestiniens et criminalise (…) la résistance palestinienne”.

“Par notre grève de la faim, nous recherchons l’arrêt des mauvais traitements(…). Des détenus palestiniens ont souffert de la torture, de traitements inhumains et dégradants, et de négligence médicale. Certains ont été tués alors qu’ils étaient en détention”, écrit M. Barghouti.

Aux yeux des autorités israéliennes, le jeûne entamé est motivé par des considérations politiques. Tel Aviv nie que les détenus palestiniens soient maltraités.

Manifestations de soutien

Cette grève de la faim illimitée est lancée à l’occasion de “la journée des prisonniers”, observée chaque année par les Palestiniens depuis plus de 40 ans.

Elle s’est accompagnée, dans la bande de Gaza, d’un grand rassemblement de soutien. Une manifestation a aussi eu lieu près de la ville de Bethléem, en Cisjordanie occupée, où des heurts ont éclaté entre les protestataires palestiniens et les forces israéliennes.

Dans un communiqué, le président palestinien Mahmoud Abbas, 82 ans, a déclaré que les efforts se poursuivraient pour obtenir la libération des détenus. Il a condamné ce qu’il considère comme l’intransigeance d’Israël face aux “justes” revendications de ces derniers.

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