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Mort d’un bébé à Staad (SG): la défense demande d’acquittement

Le cadavre de la fillette de 1 an avait été découvert par la police, caché dans la cave du domicile familial à Staad (archives). KEYSTONE/GIAN EHRENZELLER sda-ats

(Keystone-ATS) Au second jour du procès des parents d’une fillette morte à Staad (SG) en 2015, la défense a demandé l’acquittement des parents par manque de preuve. La veille, le Ministère public avait requis 10 ans et demi de prison contre la mère et 8 contre le père, pour meurtre.

En été 2015, les services de protection de l’enfance n’avaient pas trouvé trace du bébé de 1 an lors d’une visite à domicile. Ils avaient alerté la police.

Le 4 août 2015, les policiers ont découvert le cadavre de la petite, caché dans la cave du domicile familial. Ses parents toxicomanes ont été aussitôt arrêtés. Ils sont accusés d’avoir négligé la prise en charge de la fillette, la laissant même parfois seule à la maison durant des heures, jusqu’à ce qu’elle en meure. Des résidus de cocaïne ont en outre été décelés dans les cheveux de la fillette.

Problèmes psychiques du père

Devant le Tribunal de district de Rorschach, réuni à St-Gall, les avocats ont demandé mercredi l’acquittement de leurs clients pour l’essentiel des chefs d’accusation qui leur sont reprochés. Le défenseur du père a décrit le choc profond qu’a représenté la mort de la fillette pour son client, un Suisse âgé de 55 ans: “il avait des pensées suicidaires.”

Cocaïnomane, ce dernier consommait des quantités de drogue inférieures à ce qu’affirme le Ministère public, estime son avocat. Le prévenu “s’est fait aspirer dans un environnement chaotique et conflictuel”, alors qu’il souffrait déjà de problèmes psychiques, a expliqué le défenseur. Pour la prise en charge de l’enfant, il avait toute confiance en la maman, déjà mère de trois enfants.

“Le doute doit profiter aux accusés”

Son avocat a en outre souligné l’absence de preuve de culpabilité du quinquagénaire. La défenseuse de la mère de la fillette a plaidé elle aussi l’acquittement, estimant que le doute devait profiter à l’accusée qui n’a jamais avoué les faits reprochés.

L’avocate de la mère a déclaré que sa cliente menait une vie structurée. Avant la mort de la fillette, elle travaillait à l’aube comme livreuse de journaux et s’occupait de l’enfant durant la journée.

Autopsie sans résultat clair

Aucun signe de retard dans le développement de la petite n’a été constaté par l’institut médico-légal lors de l’autopsie, a souligné en outre l’avocate. Par ailleurs, la cause de la mort n’a pas pu être clairement établie. Un arrêt respiratoire peut en avoir été la cause. Une mort subite n’est pas non plus exclue.

Selon la défense, c’est par panique que la mère a caché le corps sans vie de la fillette. Les policiers l’ont découvert dans une valise.

Pour la procureure en revanche, la mère a traité la fillette morte “comme un déchet”. Quant au père, “il achetait de la cocaïne pour le couple comme il achetait du lait en poudre pour la petite”. L’accusation lui reproche notamment l’achat de trois kilos de cocaïne, dont il aurait consommé les deux tiers, le reste ayant été consommé par la mère.

Mal nourrie, mal soignée

Selon le Ministère public, les parents toxicomanes ont mal nourri la petite et ne lui ont pas permis de bouger suffisamment au quotidien. Sous l’influence de la drogue, ils n’auraient jamais amené le bébé chez le médecin ni veillé à son hygiène corporelle. par ailleurs, les contacts sociaux de la petite étaient apparemment inexistants.

Mardi, la procureure avait requis une peine de 10 ans et demi de prison contre la mère, assortie d’une peine pécuniaire de 70 jours-amende à 30 francs. Elle avait demandé une peine de 8 ans et une amende de 1200 francs contre le père.

Le Ministère public exige que les deux accusés soient reconnus coupables de meurtre, de violation du devoir d’assistance et d’éducation, d’atteinte à la paix des morts et de violations de la loi sur les stupéfiants. Dans le cas où la Cour ne retenait pas le chef d’accusation de meurtre mais celui d’homicide par négligence, la procureure demande des peines moins lourdes en conséquence.

Le jugement sera rendu ultérieurement par écrit à une date encore inconnue.

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