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Mort d’un Noir à New York en 2014: les agents jugés à l’interne

Des manifestants sont venus soutenir la famille d'Eric Garner lors d'une conférence de presse donnée devant l'hôtel de ville, le mardi 17 juillet 2018 à New York. Sur le masque de cet homme on peut lire une allusion aux dernières paroles de la victime: "Je ne peux toujours pas respirer". KEYSTONE/AP/MARY ALTAFFER sda-ats

(Keystone-ATS) Un père de famille est mort par asphyxie lors d’une interpellation musclée des forces de l’ordre à New York en 2014. Un peu plus de quatre ans plus tard, la police locale a finalement lancé une procédure disciplinaire contre deux officiers impliqués dans le décès.

Le 17 juillet 2014, Eric Garner, un homme noir, avait été violemment plaqué au sol par des policiers. Les agents le soupçonnaient de vendre illégalement des cigarettes dans une rue du quartier de Staten Island. La victime avait refusé son interpellation mais n’était pas armée.

Obèse et asthmatique Eric Garner avait perdu connaissance, étouffé par la clef de bras qu’avait effectuée sur lui l’officier Daniel Pantaleo, avant de décéder. Le médecin légiste avait conclu à un homicide. Les images de l’interpellation, filmée par un passant et mise en ligne peu après, avaient fait le tour du monde. On y entend Eric Garner répéter “je ne peux pas respirer” (“I can’t breathe”).

Le décès de ce père de six enfants, âgé de 43 ans, avait suscité de nombreuses manifestations à New York et alimenté le débat national naissant sur les brutalités de la police à l’endroit des hommes noirs non armés, alimenté par d’autres incidents.

Aucune poursuite

La justice américaine avait ouvert une enquête, qui n’a, à ce jour, débouché sur aucune poursuite.

La police de New York, qui souhaitait initialement attendre que la justice statue sur le dossier, a finalement décidé d’entamer une procédure de sanction contre Daniel Pantaleo et le sergent Kizzy Adonis, qui avait autorité hiérarchique sur l’ensemble des policiers présents ce jour-là, a indiqué jeudi à l’AFP une porte-parole.

Il s’agit d’une procédure administrative qui va donner lieu à un débat contradictoire, à l’issue duquel des sanctions pourraient être prononcées, pouvant aller jusqu’à la suspension et au licenciement.

Mi-juillet 2015, la famille d’Eric Garner avait conclu un accord amiable avec la ville de New York, qui avait accepté de lui verser 5,9 millions de dollars au titre de son préjudice.

Lecture impartiale des faits

“L’officier Pantaleo a droit à un examen complet et impartial des faits”, a fait valoir jeudi un syndicat de policiers, le Patrolmen’s Benevolent Association, dans un communiqué.

“Nous sommes confiants dans le fait que cet examen l’exonérera, à moins que le maire et le commandement de la police de New York aient déjà décidé de faire primer la politique sur la justice”, a ajouté le syndicat.

“L’administration de Blasio n’aurait jamais dû attendre quatre ans (…) parce que l’idée que la police ne pouvait pas agir avant la justice était un mensonge”, a déclaré Gwen Carr, la mère d’Eric Garner, dans une déclaration transmise à plusieurs médias locaux.

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