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Navalny dénonce devant la CEDH le harcèlement du pouvoir russe

Alexeï Navalny a défendu sa cause mercredi à Strasbourg KEYSTONE/AP/JEAN-FRANCOIS BADIAS sda-ats

(Keystone-ATS) L’opposant russe Alexeï Navalny a dénoncé mercredi devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) à Strasbourg le caractère politique des poursuites dont il fait l’objet dans son pays. Il a notamment été interpellé à Moscou en marge de manifestations.

La juridiction du Conseil de l’Europe examinait, en appel, une plainte de cet avocat de 41 ans, adversaire acharné du président russe Vladimir Poutine, concernant les interpellations et les condamnations dont il a fait l’objet à sept reprises lors de manifestations non autorisées organisées à Moscou entre 2012 et 2014.

En première instance, la Cour a condamné la Russie pour violation du droit à la liberté de réunion, détention arbitraire et procès inéquitable. Strasbourg juge aussi les sanctions disproportionnées au regard du caractère pacifique des rassemblements, sans se prononcer sur le caractère éventuellement politique des poursuites.

“Quelle est la probabilité que le système judiciaire dysfonctionne toujours systématiquement concernant les affaires relatives à un individu en particulier ?”, a demandé Alexeï Navalny mercredi matin devant les juges. Elle est “aussi faible que la probabilité d’une rencontre avec un dinosaure dans les couloirs de cette cour”.

“Le droit de réunion est le dernier recours pour exprimer sa dissidence quand tous les autres droits sont interdits”, a-t-on encore entendu de sa part.

Alexeï Navalny, qui souhaitait défier Vladimir Poutine à la présidentielle de mars, a été déclaré inéligible en raison d’une condamnation pour détournement de fonds à l’issue d’un procès en appel en février dernier. Le procès en première instance avait été jugé inéquitable par la CEDH.

Sauf à Moscou et St-Pétersbourg

Le représentant du gouvernement russe, Mikhail Galperin, a récusé toute attitude discriminatoire du gouvernement vis-à-vis de l’opposant et dénoncé les “provocations” par lesquelles il chercherait à asseoir sa notoriété. “Le maintien de l’ordre public était la seule préoccupation des autorités”, a-t-il dit, soulignant que “80% des manifestations” étaient autorisées en Russie.

Interrogé à ce sujet, Alexeï Navalny a reconnu que son appel à manifester dans tout le pays, le 28 janvier prochain, pour soutenir son appel au boycott de l’élection présidentielle, avait été autorisé dans de nombreuses villes.

“Mais est-ce que ça a été autorisé à Saint-Pétersbourg et à Moscou, les villes principales du pays ? Bien évidemment, non. Je reconnais volontiers que je risque l’arrestation mais on ne saurait se limiter à des rassemblements à sept heures du matin dans un endroit perdu”, a-t-il affirmé.

La grande chambre de la CEDH, dont les arrêts sont définitifs, se prononcera d’ici quelques mois.

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