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Neuf disparus après l’inondation d’une mine de diamants en Russie

Mir (Paix), gisement exploité depuis 1958, était d'abord une carrière profonde de 1,3 kilomètre et d'un diamètre de plus de 500 mètres jusqu'à l'arrêt de la production à ciel ouvert en 2001. Cet immense cratère a connu une seconde vie avec l'ouverture d'une mine souterraine en 2009. KEYSTONE/EPA ALROSA PRESS SERVICE/ALROSA PRESS SERVICE HANDOUT sda-ats

(Keystone-ATS) Neuf personnes étaient toujours portées disparues vendredi après l’inondation d’une mine de diamants en Sibérie, où se trouvaient 142 mineurs. Le site est exploité par le premier producteur mondial, Alrosa.

L’accident s’est produit vers 16h30 locales (09h30 en Suisse) dans la mine souterraine “Mir”. Le gisement est exploité depuis 1958 en République Sakha, nom officiel de l’immense région de Iakoutie, en Extrême Orient russe à plus de 4000 kilomètres à l’est de Moscou.

Alrosa avait dans un premier temps indiqué que 151 personnes se trouvaient dans la mine au moment de l’inondation. L’entreprise a revu ce nombre à 142: neuf mineurs qui avaient reçu leurs équipements n’étaient pas encore descendus sous terre.

A 17h00, soit plus de sept heures après l’inondation, “les recherches se poursuivent pour neuf personnes”, a indiqué le groupe dans un communiqué. Les autres sont hors de danger. Deux mineurs “avec des blessures légères” ont été hospitalisées, a indiqué à l’agence TASS une responsable des services de santé de la région, Lioudmila Verbitskaïa.

Eau crayeuse

Selon les services de secours, qui ont déployé plus de 100 secouristes sur place, l’eau qui s’est engouffrée dans la mine provient d’une carrière abandonnée contenant environ 300’000 m3 d’eau.

“La cause probable de l’accident (…) est l’arrivée incontrôlée d’eau à la suite d’une détérioration de l’environnement géologique et minier”, a déclaré Alrosa vendredi soir dans un nouveau communiqué. Et d’assurer que “les équipements (de la mine) avaient été régulièrement vérifiés”.

La télévision publique a diffusé des images issues des réseaux sociaux montrant d’impressionnants volumes d’eau crayeuse grisâtre s’engouffrant dans une salle de bureaux, ainsi que des trombes d’eau ruisselant du plafond de sombres couloirs souterrains.

Depuis 1958

Mir (Paix), gisement exploité depuis 1958, était d’abord une carrière profonde de 1,3 kilomètre et d’un diamètre de plus de 500 mètres jusqu’à l’arrêt de la production à ciel ouvert en 2001. Cet immense cratère a connu une seconde vie avec l’ouverture d’une mine souterraine en 2009, qui produit désormais un million de tonnes de minerai par an, soit plus de trois millions de carats.

Le président Vladimir Poutine a dépêché sur place son ministre des Situations d’urgence Vladimir Poutchkov pour diriger les opérations de secours.

“Les opérations de recherche et de sauvetage continueront jusqu’à ce que toutes les circonstances (de l’accident) soient éclaircies”, a déclaré M. Poutchkov, cité par TASS. Trente-deux sauveteurs et 7 plongeurs, spécialisés dans les plongées souterraines, ont été déployés sur place.

Le parquet de la région a indiqué enquêter pour établir les circonstances de l’accident. L’antenne locale du Comité d’enquête, organisme dépendant directement du Kremlin et chargé des principales enquêtes, a ouvert une procédure pour “violation des normes de sécurité pour des travaux miniers”.

Près de 9%

La dernière catastrophe minière meurtrière en Russie remonte à février 2016, quand deux coups de grisou ont fait 36 morts dans la mine de charbon Severnaïa dans le Grand Nord russe, près de la ville de Vorkouta.

Premier producteur mondial de diamants, Alrosa a formellement été créée en 1996 pour réunir les entreprises de ce secteur actif depuis le XVIIIe siècle en Russie. Des pierres précieuses ont été trouvées pour la première fois à la fin des années 1940 en Iakoutie, immense région de plus de trois millions de kilomètres carrés frappée par un froid extrême en hiver.

La mine Mir représente près de 9% de la production totale d’Alrosa qui s’est élevée en 2016 à 37 millions de carats. Le groupe, contrôlé par les pouvoirs publics russes et coté à la Bourse de Moscou, a enregistré l’an dernier un chiffre d’affaires de 317 milliards de roubles soit 5,1 milliards de francs au taux actuel, pour un bénéfice net de 133 milliards de roubles.

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