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Nicaragua: deux jeunes tués dans l’attaque des forces progouvernementales

Les étudiants sont le fer de lance d'une contestation massive contre le président Ortega, accusé d'avoir mis en place avec son épouse une "dictature" marquée par la corruption et le népotisme. KEYSTONE/EPA EFE/JORGE TORRES sda-ats

(Keystone-ATS) Deux jeunes gens ont été tués et une vingtaine blessés au Nicaragua au cours d’une attaque des forces progouvernementales contre une église. Les dizaines d’étudiants qui y étaient retranchés en sont sortis samedi à la suite d’une médiation de l’Eglise catholique.

Au total, plus de 270 personnes ont trouvé la mort et quelque 2000 ont été blessées dans les violences qui secouent le Nicaragua depuis trois mois, selon la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH).

“Nous demandons à Dieu de nous accompagner. Nous allons sauver les garçons”, a déclaré le nonce apostolique Stanislaw Waldemar Sommertag en allant escorter les autocars qui transportaient les jeunes gens ainsi libérés de l’église de la Divine Miséricorde à Managua, la capitale.

Ces derniers agitaient des drapeaux du Nicaragua, criaient “merci” et saluaient le poing levé les centaines de personnes massées le long de leur itinéraire. “Vive les étudiants !”, “Justice !” et “Nicaragua !”, a de son côté scandé la foule, tandis que des automobilistes klaxonnaient.

“Arrêter le massacre”

“On nous a dit qu’il y avait deux morts et plusieurs blessés”, avait peu de temps avant ce dénouement annoncé le cardinal nicaraguayen Leopoldo Brenes à son arrivée aux abords de l’église encerclée depuis vendredi soir par des policiers et des paramilitaires pour tenter d’en faire sortir les étudiants. Les deux jeunes ont été tués d’une balle dans la tête, l’un à l’intérieur de la paroisse et l’autre sur une barricade, ont raconté des témoins.

Le cardinal Leopoldo Brenes, le président de la Conférence épiscopale du Nicaragua (CEN), a qualifié le gouvernement d'”unique responsable” de ces évènements. Il l’a appelé à “arrêter le massacre”.

L’église de la Divine Miséricorde se situe dans le sud-ouest de Managua, près de l’Université nationale autonome (UNAN). Quelque 200 étudiants, participant aux manifestations contre le président Daniel Ortega, s’y sont réfugiés pour fuir une attaque contre l’UNAN où ils étaient auparavant retranchés.

“Nous ne voulons pas mourir !”

“Nous ne voulons pas mourir !”, “aidez-nous !”, avait-on pu entendre crier des jeunes gens désespérés au milieu des claquements des tirs dans une retransmission en direct fournie par trois journalistes locaux bloqués dans l’église. Pendant la nuit, un curé était sorti de l’église, portant le drapeau du Vatican, pour évacuer des blessés graves ainsi qu’un journaliste américain, après des négociations avec l’Eglise catholique.

Les étudiants sont le fer de lance d’un mouvement massif de protestation déclenché le 18 avril contre le président Ortega, 72 ans, arrivé à la tête du Nicaragua, le pays le plus pauvre d’Amérique centrale, en 2007. Il l’avait déjà dirigé de 1979 à 1990.

Il est accusé d’avoir durement réprimé les manifestations et mis en place avec son épouse une “dictature” marquée par la corruption et le népotisme. Ses adversaires demandent des élections anticipées ou son départ.

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