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Nouvelle étape vers une fermeture de Fessenheim

La centrale de Fessenheim a commencé à être construite en 1970 au bord du Rhin, face à l'Allemagne, à 25 km au nord de Mulhouse et 40 km de Bâle (archives). KEYSTONE/AP dapd/WINFRIED ROTHERMEL sda-ats

(Keystone-ATS) Le Conseil d’administration d’EDF a approuvé jeudi à une courte majorité une délibération permettant au groupe de faire une demande d’abrogation d’exploiter la centrale nucléaire de Fessenheim. Ségolène Royal a salué une “bonne décision” au caractère “irréversible”.

La demande d’abrogation ne sera pas prise immédiatement, mais Electricité de France (EDF) devra l'”adresser (à l’Etat, ndlr) dans les six mois précédant” la mise en service de l’EPR de Flamanville, prévue à l’horizon 2019, a-t-on appris de sources concordantes.

Cette décision permet de franchir une nouvelle étape vers la fermeture de la centrale de Fessenheim, la doyenne des centrales françaises. La délibération entérine également le caractère “irréversible et inéluctable” de la fermeture de la centrale, selon les mêmes sources.

Selon un porte-parole du syndicat CGT, la motion votée laisse ouverte la possibilité de fermer une autre centrale nucléaire que Fessenheim. “C’est une résolution qui permet (au PDG d’EDF Jean-Bernard) Lévy de garder la face mais pas au gouvernement, pour qui c’est une véritable camouflet”, a-t-il dit.

Satisfaction de Royal

“C’est enfin une bonne décision qui est prise dans la mesure où le caractère irréversible et inéluctable de la fermeture est explicitement acté dans la décision”, a répliqué la ministre de l’environnement Ségolène Royal. Selon elle, cette décision “sera actée juridiquement dans les prochains jours”.

Ce vote a été obtenu de haute lutte et marque un nouveau compromis entre l’Etat, le groupe et certains administrateurs qui étaient frileux pour engager avant l’élection présidentielle une procédure de fermeture, alors que ce sujet divise les candidats.

Contrairement à ce que souhaitait initialement le gouvernement, le décret qui entérinera la demande ne pourra pas être pris avant la fin du mandat de François Hollande, dont la fermeture du site était une promesse de campagne. Elle le sera seulement une fois la demande d’EDF effectivement transmise, c’est-à-dire courant 2018.

Manifestations

Les six administrateurs salariés ont voté contre cette délibération et les six administrateurs indépendants, dont le PDG du groupe Jean-Bernard Lévy qui a une voix prépondérante en cas d’égalité ont voté pour, a indiqué une autre source.

Les six administrateurs représentant l’Etat n’ont pas pris part au vote, en raison d’un conflit d’intérêt, puisque l’Etat est actionnaire à plus de 83% de l’électricien.

A la mi-journée plusieurs centaines de salariés d’EDF, dont 250 venus de Fessenheim, étaient rassemblés devant le siège de l’électricien à Paris, pour manifester, à coups de sifflets et fumigènes, leur opposition à une fermeture.

Une telle décision mettrait en jeu quelque 2000 emplois directs et indirects, selon les syndicats. Elle serait “uniquement politique”, ont respectivement estimé deux manifestants, tous deux salariés de Fessenheim: Damien Nimetz, 29 ans, militant CGT, et que Sandra Hazemann, 39 ans de la CFDT.

Réclamé par Bâle et le Jura

“Je comprends que les salariés cherchent à défendre leur outil de travail” mais “il faudra à un moment que chacun prenne la mesure que des centrales vont fermer”, avait pour sa part plaidé le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll. “La loi de transition énergétique doit être appliquée (…). C’est l’intérêt de la France”, avait renchéri le ministre de l’économie Michel Sapin.

Située sur une faille sismique dans l’est de la France près des frontières avec la Suisse et l’Allemagne, la centrale, en service depuis 1977, suscite depuis des années l’inquiétude des écologistes. Les deux Bâle et le Jura demandaient aussi la fermeture de Fessenheim depuis 2011, suite à la catastrophe de Fukushima.

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