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Nouvelle agression de surveillants par un détenu

Le personnel pénitentiaire va poursuivre son mouvement en France (archives) KEYSTONE/AP/THIBAULT CAMUS sda-ats

(Keystone-ATS) Une nouvelle agression de surveillants de prison par un détenu a été enregistrée vendredi à Borgo, en Corse. Des heurts ont aussi éclaté dans la prison de Fleury-Mégoris. Syndicats et direction de l’administration pénitentiaire venaient de reprendre leurs discussions.

L’attaque à Borgo a eu lieu au moyen d’une arme blanche. Selon des sources syndicales, un détenu de droit commun à l’isolement, suivi au titre de la radicalisation islamiste, a attaqué deux gardiens à l’ouverture de sa cellule. L’individu s’est ensuite retranché avec deux autres prisonniers dans une partie commune de la prison.

Un périmètre autour de l’établissement a été bouclé et des forces de l’ordre sont arrivées sur place.

L’administration pénitentiaire a confirmé l’implication de trois détenus, dont un suivi pour radicalisation. Elle a aussi précisé que des gendarmes et policiers étaient intervenus pour les maîtriser. Un des deux gardiens a été blessé au thorax, l’autre au visage et au crâne, a déclaré Wilfried Fonck, représentant syndicaliste. Ils ont été hospitalisés mais leur pronostic vital n’est pas engagé.

La ministre française de la justice, Nicole Belloubet, a dénoncé via un communiqué une “agression grave et intolérable”.

“La mobilisation continue”

Au même moment, plusieurs prisons de France ont été perturbés pour le cinquième jour consécutif par des gardiens qui demandent une amélioration de leurs conditions de travail et de sécurité.

“Le mouvement continue plus que jamais parce que nous n’avons pas la réponse de Matignon”, a déclaré en substance Wilfried Fonck du syndicat de l’Ufap-Unsa. “Nous continuerons la mobilisation jusqu’à satisfaction de nos revendications”, a-t-il ajouté.

Selon l’administration pénitentiaire, 80 des 188 prisons françaises, soit plus de 40% des établissements, étaient perturbées vendredi matin à des degrés divers, du retard de prise de service au blocage.

L’annonce de l’agression à Borgo a interrompu une réunion entre les syndicats Ufap-Unsa et CGT pénitentiaire et l’administration pénitentiaire sur un document de travail transmis à la fois au ministère de la justice et au premier ministre Edouard Philippe.

Ca chauffe à Fleury-Mégoris

A Fleury-Mérogis, dans le département de l’Essonne, où est détenu le seul survivant présumé des auteurs des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, Salah Abdeslam, des heurts ont opposé surveillants et CRS. Une soixantaine de gardiens ont bloqué l’entrée de la prison à 6h00 du matin et reçu le soutien de dizaines de collègues.

Le blocage a été levé à 08h30 mais les échanges ont été violents. Des membres des forces de l’ordre ont tiré des gaz lacrymogènes sur 150 gardiens qui bloquaient la prison, la plus grande d’Europe.

Le mouvement des gardiens de prison français a été déclenché par l’agression à l’arme blanche de trois surveillants et d’un gradé de la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), le 11 janvier, par un détenu de nationalité allemande converti à l’islam, Christian Ganczarski, condamné à 18 ans de prison pour complicité dans l’attentat de 2002 contre une synagogue de Djerba, en Tunisie.

Depuis lors, plusieurs autres agressions de surveillants ont été commises par des détenus radicalisés.

Appel lancé à l’ONU

La France a à nouveau été épinglée cette semaine par l’ONU pour sa gestion et la surpopulation de ses prisons. Plusieurs pays ont lancé un appel vendredi au Conseil des droits de l’Homme à Genève, faisant suite à l’examen périodique universel (EPU) de lundi, une procédure ayant lieu tous les quatre an pour tous les Etats membres.

“Les problèmes liés aux prisons surpeuplées semblent nécessiter des mesures urgentes” en France, a notamment commenté la Norvège.

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