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Palmeraies: des banques suisses accusées de fermer les yeux

En Indonésie, des palmeraies sont souvent établies dans des zones interdites et sans l'accord des villageois des régions concernées (archives). Keystone/EPA/DEDI SINUHAJI sda-ats

(Keystone-ATS) Des banques suisses sont impliquées financièrement dans la culture intensive de palmiers à huile en Indonésie, au mépris de normes environnementales et sociales, dénoncent deux ONG suisses. Elles exigent un engagement plus poussé de leur part.

“La culture intensive de palmiers à huile est la cause la plus importante d’accaparement des terres” en Indonésie, principal producteur mondial d’huile de palme avec la Malaisie, a souligné lundi Matthias Dörnenburg, directeur ad interim d’Action de Carême. Il présentait la campagne oecuménique 2017, intitulée “La terre source de vie, pas de profit”, devant les médias à Berne.

Mais l’explosion de cette monoculture entraîne d’autres dégâts: destruction des sols, monopolisation de l’eau, et menace sur l’existence des populations et des communautés indigènes notamment, comme l’a expliqué Kartini Samon, représentante indonésienne de “Grain”. Cette petite ONG combat en Indonésie les plantations industrielles de palmiers à huile.

Sur la grande île de Kalimatan (partie indonésienne de Bornéo), un tiers des terres cultivables sont actuellement consacrées à cette culture, soit presque la superficie de la Suisse, précise Mme Samon. Et la progression est galopante: “Chaque minute, l’équivalent de cinq stades de football est accaparé à cette fin”, illustre M. Dörnenburg.

Credit Suisse en tête

Soucieuses de dévoiler une “face cachée” du problème, les deux organisations ont présenté une étude sur les liens entre 17 banques suisses et 20 des principales entreprises actives dans la production d’huile de palme. L’analyse a été réalisée par l’organisation de recherches néerlandaise Profundo sur la période de 2009 à 2016.

Une banque se détache du peloton, largement devant la Banque cantonale zurichoise et UBS: Credit Suisse (CS) a investi sur cette période 900 millions de dollars dans des entreprises actives dans l’huile de palme. Parmi elles, Bumitama et IOI Corporation, présentes dans le Kalimantan occidental.

Or ces deux firmes ont établi leurs palmeraies “sans l’approbation préalable des villageois” et dans des zones interdites, comme des terrains pentus ou des tourbières, ont constaté les analystes de Profundo lors de leurs visites sur le terrain.

Doublement concernés

Les banques helvétiques ont pourtant adhéré à des règles éthiques internationales et à des principes de l’ONU. Elles ont également adopté des directives internes qui visent ce genre d’activités afin d’éviter toutes retombées négatives.

Contacté par l’ats, CS affirme qu’il “ne développe pas de relations d”affaires avec les producteurs d’huile de palme qui ne sont pas membres de la Table ronde pour la production durable d’huile de palme (RSPO) et dont les opérations ne sont pas certifiées selon les critères de la RSPO”. La RSPO constitue une exigence minimale pour cette culture, selon le WWF qui a lancé l’initiative.

En Suisse, les citoyens peuvent se sentir concernés à double titre, a encore souligné M. Dörnenburg: en tant que consommateurs, alors que d’innombrables produits courants contiennent de l’huile de palme. Mais aussi comme clients de banques et contributeurs de caisses de pension. Action de Carême et Pain pour le Prochain proposent sur leur plate-forme commune www.voir-et-agir.ch une lettre que tout un chacun peut envoyer à sa caisse de pension pour demander des précisions sur ce sujet.

www.voir-et-agir.ch

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