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Pas d’espoir d’ouverture en Erythrée selon des experts fédéraux

"Le dialogue n'est pas encore arrivé au point où l'on peut entrer dans les détails. Les preuves concernant une amélioration des droits humains continuent de manquer", dit Mario Gattiker dans une interview du TagesAnzeiger et du Bund (archives). KEYSTONE/LUKAS LEHMANN sda-ats

(Keystone-ATS) Les espoirs de Berne concernant une amélioration en Erythrée sont balayés. “L’ouverture n’a pas eu lieu”, déclare Mario Gattiker, le secrétaire d’Etat aux migrations (SEM). Les réfugiés érythréens qui rentrent au pays “risquent d’être torturés et emprisonnés”.

Ceci menace encore et toujours les Erythréens “qui ont quitté leur pays illégalement ou qui ont échappé au service national militaire”. En 2015, l’Erythrée avait annoncé vouloir réduire le service à 18 mois.

Cependant, le pays est “officiellement revenu sur sa décision de limiter la durée du service”, affirme M. Gattiker dans une interview publiée lundi dans les quotidiens alémaniques TagesAnzeiger et Bund. Le service militaire peut parfois s’étendre sur plusieurs années voire décennies en Erythrée.

Désillusions

Ce ne sont pas les seules désillusions constatées sur place par des experts de l’asile du SEM après leur voyage de reconnaissance de deux semaines en mars. Sur mandat de la Confédération, les spécialistes devaient “examiner la possibilité d’améliorer la collaboration avec l’Erythrée en matière de migration”.

“Le dialogue n’est pas encore arrivé au point où l’on peut entrer dans les détails. Les preuves concernant une amélioration des droits humains continuent de manquer”, explique Mario Gattiker.

L’année passée, l’Erythrée a signé la Convention des Nations unies contre la torture. Les deux Suisses et l’expert allemand qui les accompagnait n’ont pas pu vérifier si le pays s’y tenait. En effet, ils n’ont pas eu accès aux installations militaires et prisons. Par ailleurs, des représentants du gouvernement érythréen surveillaient chacun de leur pas.

Ajustements en matière d’asile

Toutefois, les spécialistes du SEM ont pu rassembler “un grand nombre d’informations” notamment sur “l’état de l’économie ou du système éducatif”, selon M. Gattiker. Elles constituent “un complément important au tableau d’ensemble”. Le secrétaire d’Etat aux migrations n’exclut d’ailleurs pas certains ajustements de la pratique en matière d’asile.

Du côté du service militaire, rien n’a changé. Des changements relatifs à la sortie illégale d’Erythrée pourraient toutefois être envisagés. “Nous sommes en train d’examiner si les Erythréens qui ont fui illégalement leur pays risquent comme avant des sanctions drastiques lorsqu’ils y retournent”.

Sanctions excessives

Mario Gattiker avait mis en garde contre les attentes exagérées. Si la situation des droits humains est le principal facteur, les jeunes Erythréens quittent aussi le pays en raison de “l’absence de perspectives économiques”. En matière de droit d’asile, le fait que les réfugiés érythréens qui retournent au pays risquent des sanctions excessives est déterminant, estime M. Gattiker. Le SEM est en train d’examiner à quelles conditions des transferts peuvent être envisagés.

C’est la première fois que le secrétaire d’Etat aux migrations s’exprime publiquement au sujet des résultats de la mission de “fact-finding” menée par des experts de l’asile du SEM en mars. En février, le SEM avait ouvertement critiqué le voyage en Erythrée de cinq politiciens, quatre conseillers nationaux et la conseillère d’Etat verte argovienne Susanne Hochuli.

Ils s’y étaient rendus dans le cadre d’un séjour privé sur invitation du consul honoraire Toni Locher. A leur retour, ils avaient entre autres demandé une coopération en matière de migration.

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