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Pas de conciliation pour le livre de Jacqueline de Quattro

C'est cette photo qui figure en couverture du livre de Fabien Dunand (archives). KEYSTONE/DOMINIC STEINMANN sda-ats

(Keystone-ATS) Aucune conciliation n’a été trouvée au sujet du livre à charge consacré à Jacqueline de Quattro. L’ouvrage reste interdit de diffusion en attendant le jugement du Tribunal de l’Est vaudois sur les mesures provisionnelles requises par la conseillère d’Etat.

Le litige porte sur la photo de couverture du livre écrit par Fabien Dunand, intitulé “Une conseillère d’Etat ne devrait pas dire ça”. La ministre vaudoise, absente mercredi au tribunal à Vevey, estime que cette couverture porte à confusion, laissant à penser qu’elle est l’auteure ou qu’elle cautionne ce brûlot.

Mercredi durant l’audience à Vevey, la présidente du tribunal Anne-Catherine Page a tenté de trouver un terrain d’entente entre les deux parties. Sans succès toutefois. Les éditions Attinger ont aussi proposé une nouvelle version de la couverture, toujours avec la photo mais sans le nom de la magistrate. Une proposition écartée par l’avocat de Jacqueline de Quattro, François Roux.

Selon lui, outre le risque de confusion, l’utilisation sans autorisation de cette photo constitue une atteinte au droit à l’image. “On n’agit pas contre le contenu du livre, mais contre sa présentation. Ce n’est pas de la censure”, a affirmé Me Roux.

Pour Elie Elkaim, avocat de Fabien Dunand, la photo en question, prise dans le bureau de la ministre, est “strictement publique”. Il a relevé que ce cliché avait été utilisé à d’autres fins, notamment pour des articles de presse. “Cela fait 21 jours que ce livre est censuré. C’est un cas unique en Suisse”, a-t-il insisté, dénonçant une attaque contre la liberté d’expression.

Pas un pamphlet

Interrogé sur ses intentions, Fabien Dunand a assuré que son livre n’était “en aucun cas un pamphlet”. Il a dit avoir conçu cet ouvrage “comme un documentaire” en accumulant les faits sur les onze ans passés par Jacqueline de Quattro au Conseil d’Etat. “C’est de l’information commentée”, a-t-il jugé, faisant référence à son passé de journaliste, lui qui a été rédacteur en chef de 24 heures.

Me Roux a rétorqué que ce livre ne pouvait pas être assimilé à un article de presse, sachant notamment qu’il vise à être commercialisé. Selon l’avocat, la liberté d’expression n’est aucunement mise en cause. “Il suffit de changer la fourre du livre et il n’y a plus de procès”, a-t-il martelé.

Pour Me Elkaim, il y a “une forme d’hypocrisie” à s’attaquer à la couverture alors que, selon lui, c’est le contenu du livre que vise à interdire Jacqueline de Quattro. Il en a profité pour dénoncer le climat actuel “inquiétant” qui règne entre le monde politique et les médias.

Les politiques semblent “soudainement frappés d’hypersensibilité à la critique”, a estimé l’avocat, relevant que certains avaient désormais “la gâchette judiciaire facile.” Il faisait notamment référence aux autres actions actuellement en cours entre des médias et des conseillers d’Etat comme Pierre Maudet et Pascal Broulis.

Dans l’attente du jugement

A l’issue des plaidoiries, la présidente du tribunal a annoncé que le jugement serait rendu “dans les meilleurs délais.” Selon les avocats des deux parties, il devrait tomber dans le courant de la semaine prochaine.

Que les mesures provisionnelles soient retenues ou non, la décision pourra faire l’objet d’un recours. Celui-ci devra être déposé dans les 10 jours auprès du Tribunal cantonal.

Environ 400 exemplaires d'”Une conseillère d’Etat ne devrait pas dire ça” ont été commandés par les différents points de vente, pour un premier tirage total de 600 à 700 livres, a précisé Emmanuel Vandelle, directeur des éditions neuchâteloises Attinger, présent à l’audience. Celui-ci a affirmé qu’il n’avait jamais dû solliciter une autorisation pour une photo d’un livre traitant de l’action d’un politicien.

Pour mémoire, la cheffe du Département de l’environnement et du territoire (DTE) et Fabien Dunand sont déjà en conflit dans le cadre du feuilleton opposant le promoteur immobilier Bernard Nicod au groupe Orllati. L’ancien journaliste, qui a accusé la ministre de conflits d’intérêt dans cette affaire, est poursuivi pour diffamation et calomnie.

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