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Plaidoirie de la dernière chance pour la présidente brésilienne Dilma Rousseff

Dilma Rousseff a prononcé son plaidoyer de 30 minutes sur un ton combatif. "Votez contre l'impeachment, votez pour la démocratie", a-t-elle conclu. KEYSTONE/EPA EFE/CADU GOMES sda-ats

(Keystone-ATS) La présidente du Brésil Dilma Rousseff a dénoncé lundi un “coup d’Etat”, dans une plaidoirie de la dernière chance devant le Sénat avant sa probable destitution mardi ou mercredi. Elle s’est dit victime d’un procès “injuste et arbitraire”.

“Je viens pour vous regarder dans les yeux, messieurs les sénateurs, et dire que je n’ai commis aucun crime de responsabilité, je n’ai pas commis les crimes pour lesquels je suis jugée injustement et arbitrairement accusée”, a déclaré la dirigeante de gauche, l’air sombre face à l’hémicycle.

Mme Rousseff a fustigé “un coup d’Etat pour élire indirectement un gouvernement usurpateur”. Elle a rappelé qu’elle avait été élue par 54 millions de Brésiliens.

Plusieurs centaines de ses partisans ont accueilli la dirigeante, souriante à son arrivée au Sénat à Brasilia, vers 9h00 (14h00 en Suisse). Ils chantaient “Dilma, guerrière de la patrie brésilienne”, brandissant des pancartes du Parti des travailleurs (PT) et des fleurs à lui remettre en guise d’encouragement.

Long débat et vote final

“Nous sommes à un pas d’une grave rupture institutionnelle, de la concrétisation d’un authentique coup d’Etat”, a-t-elle poursuivi dans l’hémicycle sur un ton combatif. “Votez contre l’impeachment, votez pour la démocratie”, a conclu Mme Rousseff, au terme d’un plaidoyer de 30 minutes.

A l’issue de son discours, Dilma Rousseff a accepté les questions des parlementaires, dont plus de la moitié sont soupçonnés de corruption ou visés par une enquête. Devaient suivre de longs débats et le vote final, attendu mardi ou mercredi. Un “oui” des deux tiers des sénateurs – 54 sur 81 – est requis pour prononcer la destitution.

Tous les pronostics sont contre l’ex-guérillera de 68 ans, emprisonnée et torturée sous la dictature militaire (1964-1985). Mais Dilma Rousseff est venue à ce rendez-vous historique “décidée, préparée pour la bataille”, avait déclaré aux journalistes le député Silvio Costa (PT do B, parti allié du PT).

Accompagnée de Lula

Tous les sondages indiquent qu’une grande majorité des sénateurs sont favorables à l'”impeachment”. Pour les affronter lundi matin, Mme Rousseff était accompagnée de son mentor politique, l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), du célèbre chanteur engagé à gauche Chico Buarque et d’une douzaine d’anciens ministres.

Depuis des mois, celle qui avait été la première femme élue à la tête du Brésil en 2010 clame son innocence. Elle crie au “coup d’Etat” institutionnel ourdi par le principal bénéficiaire de la manoeuvre: son ancien vice-président devenu rival, Michel Temer (PMDB, centre droit), 75 ans.

Popularité à 13%

M. Temer assure l’intérim depuis la suspension de la présidente le 12 mai par un vote de plus des deux tiers des sénateurs. Il gardera les manettes jusqu’aux élections présidentielle et législatives fin 2018 si elle est destituée.

Si Mme Rousseff est écartée du pouvoir, elle ne pourra plus occuper de fonctions publiques pendant huit ans. Si elle est innocentée, cette économiste dont la popularité stagne à 13% retrouvera son mandat.

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