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Plus de 160’000 personnes demandent la démission de Medvedev

"Vous savez, (enseigner) est une vocation. Si vous souhaitez gagner de l'argent, il y a un tas d'endroits très bien où vous pourrez le faire plus vite", a déclaré mardi le premier ministre russe, provoquant l'ire des enseignants (archive). KEYSTONE/EPA/HAROLD ESCALONA sda-ats

(Keystone-ATS) Plus de 160’000 personnes avaient signé vendredi une pétition réclamant la démission du premier ministre russe Dmitri Medvedev. Ce dernier a conseillé aux professeurs s’estimant mal payés d’aller travailler ailleurs, en pleine crise économique.

“Le gouvernement devrait être dirigé par un homme compétent, honnête, instruit. Aujourd’hui, nous voyons l’inverse”, peut-on lire sur le site de pétitions en ligne Change.org, où elle a été lancée jeudi. Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a jugé de son côté que cette pétition ne méritait “pas une quelconque réaction”.

“Vous savez, (enseigner) est une vocation. Si vous souhaitez gagner de l’argent, il y a un tas d’endroits très bien où vous pourrez le faire plus vite”, a déclaré mardi le premier ministre et ancien président russe (2008-2012). Il s’exprimait lors d’une conférence en présence de jeunes enseignants.

“Vous êtes des adultes. Si vous me posez des questions sur le fait qu’après l’université, vous êtes mal payés, eh bien que puis-je bien vous dire? Faites de meilleures études, faites en sorte de gagner plus”, a-t-il continué.

Pouvoir paternaliste

Les propos du premier ministre ont provoqué des réactions indignées dans les réseaux sociaux et dans la presse russe. Ils ont été tenus à un mois et demi des législatives du 18 septembre.

“Les professeurs ne doivent pas être des bénévoles”, regrette ainsi le journal indépendant Novaïa Gazeta. Il ajoute que “le cynisme ne peut être la base de la politique intérieure gouvernementale”. “Le pouvoir ne renonce pas au paternalisme”, dénonce pour sa part le quotidien libéral Vedomosti.

Dmitri Medvedev avait déjà suscité une vague d’indignation en mai. Il avait répondu à des retraités de Crimée qui se plaignaient de la baisse de leur niveau de vie: “Il n’y a pas d’argent, mais tenez-bon”.

Bas salaires

Le salaire moyen des professeurs des écoles en Russie en 2016 est de 32’000 roubles (environ 470 francs) selon l’agence russe des statistiques Rosstat. Ce chiffre cache toutefois de fortes disparités selon les régions. Les fonctionnaires font partie des catégories les plus touchées par la chute du pouvoir d’achat subie par la population en raison de la baisse des prix du pétrole et les sanctions occidentales dues à la crise ukrainienne.

Le président Vladimir Poutine avait promis d’améliorer leur niveau de vie à son retour au Kremlin en 2012. Mais le gouvernement a choisi depuis deux ans de ne pas augmenter leurs traitements à la hauteur de l’inflation.

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