Des perspectives suisses en 10 langues

Plus de 5000 artistes suisses appellent à rejeter “No Billag”

La SSR est d'une grande importance pour la production de documentaires ou cinématographique, assurent notamment les plus de 5000 artistes qui ont signé l'appel contre "No Billag" (photo symbolique). Keystone/LAURENT GILLIERON sda-ats

(Keystone-ATS) Plus de 5000 artistes helvétiques se mobilisent pour défendre la SSR contre l’initiative “No Billag”, qui vise à supprimer la redevance radio-TV. Au nom de la diversité culturelle de la Suisse, ils appellent le peuple à rejeter le texte en votation le 4 mars.

Parmi eux, les cinéastes Ursula Meier, Fernand Melgar, Jean-Stéphane Bron et Fulvio Bernasconi, le rappeur Stress, les humoristes Brigitte Rosset, Thierry Meury et Karim Slama ou les musiciens Alain Morisod, Mark Kelly et Stephan Eicher. De nombreux autres compositeurs, écrivains, dramaturges, danseurs ou comédiens ont signé cet appel publié sur le site www.no-culture.ch.

“No Billag” menace la SSR ainsi que 13 télévisions régionales et 21 radios locales, pointe le texte, selon un communiqué diffusé dimanche. “Cela ne remet pas seulement en question la liberté d’expression, mais aussi une tradition culturelle en Suisse: de la musique folklorique à la techno, de la série télévisée ‘Le Croque-mort’ au film de fiction, de la série policière au festival d’humour”.

Les chaînes exclusivement financées par la publicité diffusent beaucoup moins de musique suisse que la SSR et d’autres radios privées financées par la redevance, soulignent les signataires.”Des programmes consacrés aux genres musique classique, musique folklorique, jazz et rock n’existeraient plus.” Et la SSR est aussi importante pour la production cinématographique ou de documentaires.

SSR “pas parfaite”

Selon le texte de l’appel, “la SSR n’est pas parfaite et le service public est un sujet qui mérite davantage de discussions”. Les créateurs culturels disent vouloir prendre part à ces débats.

Plus de 50 organisations, fondations et autres associations culturelles romandes, régionales ou nationales soutiennent cet appel. Parmi elles, des faîtières du cinéma, de la musique, de la production littéraire et de nombreuses autres disciplines artistiques.

Position des initiants

Contacté dimanche par l’ats, le président du comité de campagne romand “No Billag” Nicolas Jutzet a déclaré que le texte des initiants ne représente aucunement une menace pour la culture. “Sans redevance, la SSR et les médias régionaux pourront continuer à soutenir les artistes et à leur donner une plate-forme, mais avec des financements privés”.

“Je ne vois pas pourquoi l’offre devrait changer étant donné que le public suisse apprécie les contenus musicaux et culturels suisses actuellement proposés”. Au contraire, d’après les initiants il s’agit d’une opportunité pour de nombreux artistes qui ne désirent pas collaborer avec la SSR.

Dans un marché libre, ces derniers auront plus de chances de faire apparaître leur offre, avance M. Jutzet. “Nous ne nous attaquons pas à la culture, nous remettons en cause un système de financement dépassé qui avantage certains acteurs”.

Solidarité culturelle

La SSR participe à “une certaine idée de la Suisse (…) qui cultive la solidarité audiovisuelle et culturelle entre régions”, a fait valoir Gilles Marchand samedi dans un entretien avec Le Temps. Ce faisant, elle “contribue à cette cohésion nationale, même si elle n’en a pas le monopole.”

M. Marchand se dit conscient qu’il sera “toujours plus compliqué d’imposer une redevance contrainte aux futures générations ‘pay per view'”, soit plus enclines à ne payer que ce qu’elles consomment. La SSR est prête “à travailler, à proposer des variantes” à la population.

Redevance à 300 francs

Dans une interview publiée samedi sur le site watson.ch, le journaliste zurichois et entrepreneur Roger Schawinski affirme quant à lui que l’initiative “No Billag” ne laisse pas d’alternative à la SSR. Son délai de transition est très court, quelques mois seulement. Il accuse les initiants de tromper la population.

Pour M. Schawinski, la direction de la SSR n’a pas encore réalisé la gravité de la situation. Si l’initiative était acceptée, la Société suisse de radiodiffusion et télévision ferait rapidement faillite, estime-t-il. Afin d’éviter le pire, il suggère de préparer un contre-projet avec une redevance à 300 francs.

Rendez-vous le 4 mars

L’initiative “No Billag” est soumise au peuple le 4 mars. Elle interdirait à la Confédération de subventionner toute chaîne de télévision ou de radio. Pour ses partisans, la diversité et la liberté du paysage médiatique seraient encouragées en cas de oui. Ils considèrent que la liquidation pure et simple de la SSR n’est pas un scénario crédible.

Médias Pour Tous a lancé dimanche une action de crowdfunding nationale – en quatre langues – pour financer la campagne contre l’initiative. L’objectif est de récolter 120’000 francs en 21 jours, écrit l’association dans un communiqué.

www.no-culture.ch

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision