Des perspectives suisses en 10 langues

Pont effondré à Gênes: enterrements dans la colère – Des disparus toujours recherchés

Dans une chapelle ardente à Gênes, les familles veillaient vendredi les morts, hagardes devant 18 cercueils alignés recouverts de fleurs. Keystone/AP/ANTONIO CALANNI sda-ats

(Keystone-ATS) L’Italie commençait vendredi à enterrer ses dizaines de morts, en pleine polémique. De leur côté, les sauveteurs continuent inlassablement à chercher les disparus sous les décombres du pont autoroutier effondré à Gênes. Cinq personnes sont portées disparues.

Des funérailles solennelles sont prévues samedi à 11h30 dans un hall du centre d’exposition de Gênes, avec une messe célébrée par l’archevêque de Milan en présence de toutes les plus hautes autorités de l’Etat, dont le président Sergio Mattarella. Le gouvernement a déclaré samedi journée de deuil national.

Cette cérémonie d’Etat s’annonce toutefois potentiellement embarrassante pour les institutions italiennes. Selon un décompte, noms à l’appui, du journal La Stampa, les familles d’au moins 17 des 38 victimes préfèrent s’abstenir.

“Honteux”

“C’est l’Etat qui a provoqué cela, qu’ils ne se montrent pas: le défilé des politiques a été honteux”, réagit dans les colonnes du quotidien Nunzia, mère d’un des quatre jeunes italiens de Torre del Greco (commune de Naples) décédés sur la route de leurs vacances et enterrés vendredi après-midi dans leur ville.

“Mon fils ne deviendra pas un numéro dans le catalogue des morts provoqués par les manquements italiens”, a réagi pour sa part sur les réseaux sociaux Roberto, le père d’un autre des garçons. “Nous ne voulons pas une farce de funérailles, mais une cérémonie à la maison, dans notre église de Torre del Greco”, a-t-il dit.

Des funérailles ont eu lieu aussi vendredi dans plusieurs autres villes italiennes, par exemple dans une église de Pise où deux jeunes fiancés décédés, une infirmière et un anesthésiste, voulaient se marier l’an prochain, ont rapporté les médias italiens.

Dans une chapelle ardente à Gênes, les familles veillaient vendredi les morts, hagardes devant 18 cercueils alignés recouverts de fleurs, dont le petit cercueil blanc d’un enfant, a constaté un photographe de l’AFP. Autour d’un portrait d’un défunt souriant, une famille embrassait le cercueil, y posait des petits mots écrits à la main. Trois autres cercueils devaient être portés dans l’immense salle dans la soirée.

Encore six blessés graves

Les secouristes cherchent encore cinq disparus, a annoncé vendredi la Protection civile italienne, susceptibles d’être passés sur le pont et qui n’ont plus donné de nouvelles depuis l’effondrement. Les précédentes estimations faisaient état de 10 à 20 disparus. Le bilan officiel provisoire reste toujours de 38 morts et 15 blessés.

Dix blessés se trouvent encore à l’hôpital, dont six jugés dans un état grave. Près de 560 personnes ont dû quitter leur logement en raison du risque d’effondrement d’autres sections du viaduc sur les immeubles situés en contrebas, selon la Protection civile.

La controverse entre le gouvernement italien et la société autoroutière gestionnaire de l’ouvrage, Autostrade per l’Italia, occupe tout le terrain médiatique, avec une rhétorique de surenchère. Le gouvernement a annoncé vendredi que la procédure de révocation de la concession du tronçon de Gênes avait été officiellement enclenchée dans un courrier envoyé à cette entreprise.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision