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Près de 30 millions de personnes dépendantes de la drogue

La consommation d'héroïne a augmenté en Europe occidentale et centrale et en Amérique du Nord (archives). KEYSTONE/EPA DPA/BERLIN POLICE/BERLIN POLICE / HANDOUT sda-ats

(Keystone-ATS) Le nombre de personnes dépendantes de la drogue dans le monde – désormais fixé à plus de 29 millions – a augmenté pour la première fois en six ans. Mais celui des consommateurs reste stable, même si l’usage de l’héroïne augmente en Europe et aux Etats-Unis.

“Au moins”, ce chiffre n’augmente pas, a dit jeudi devant la presse à Genève le directeur général adjoint de l’Office de l’ONU contre la drogue et le crime (ONUDC), Aldo Lale-Demoz, en présentant le dernier Rapport mondial sur les drogues. Il se dit satisfait de cet élément. Au total, 247 millions de personnes ont consommé au moins une fois de la drogue en 2014.

Pour autant, “le niveau élevé de décès est inacceptable” parce que cette situation est “hautement prévisible”, a affirmé M. Lale-Demoz, deux mois après une réunion spéciale sur les drogues à l’Assemblée générale de l’ONU. Selon les estimations, 207’400 décès, ou 43,5 décès par million d’habitants âgés de 15 à 64 ans, auraient été liés à la drogue en 2014.

Problème le plus important: le nombre de personnes qui souffrent de troubles liés à la drogue a augmenté de 27,4 millions en 2013 à 29,5 millions en 2014. Parmi elles, 12% s’injectent de la drogue, dont une sur six atteinte de VIH et la moitié d’hépatite C.

L’héroïne refait des ravages

Cette augmentation est due à une hausse de la consommation d’héroïne en Europe occidentale et centrale ainsi qu’en Amérique du Nord, a indiqué la cheffe de la recherche à l’ONUDC. En Europe, la consommation était stable ou baissait depuis près de 20 ans. La prévalence a baissé de moitié chez les 15-64 ans en Suisse en quelques années.

L’héroïne reste la drogue qui provoque le plus grand nombre de décès, lesquels ont largement augmenté de 2012 à 2014 notamment en Grande-Bretagne.,

L’utilisation de cannabis et d’amphétamines a également augmenté dans ces régions, alors qu’elle était stable de 2011 à 2014 dans le monde. Dans les régions proches de la Syrie, il manque des preuves sur une éventuelle hausse de la consommation liée au conflit.

Autre élément, davantage de consommateurs de cannabis ont bénéficié d’un traitement dans de nombreuses régions. Probablement parce que l’offre de ces prestations a augmenté, selon M. Lale-Demoz. Près de la moitié de ces personnes sont prises en charge pour la première fois.

Détention ciblée

Au total, les hommes sont trois fois plus susceptibles que les femmes de consommer du cannabis, de la cocaïne ou des amphétamines. Les femmes prennent en revanche davantage que les hommes des opioïdes et des tranquillisants à des fins non thérapeutiques. Les personnes qui sont confrontées à un environnement économique et social difficile sont davantage dépendantes.

Les violences liées à la drogue sont plus importantes dans les pays de trafic et de production que dans ceux qui sont des intermédiaires. Le trafic est particulièrement élevé dans les pays où les institutions sont peu présentes et où l’état de droit n’est pas bien appliqué, constate le rapport.

La production d’opium a diminué de près de 40%. Celle de cocaïne s’est légèrement étendue en 2014. Autre chiffre, près d’un détenu sur cinq est emprisonné pour des affaires de drogue. En prison, l’environnement est plus favorable pour des infections et les anciens détenus sont davantage victimes d’une surdose d’injections.

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