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Présidentielle au Kenya: la Commission électorale fait durer le suspense

L'opposant Raila Odinga a prévenu ses rivaux que les Kényans "ne se laisseraient pas gouverner par les armes". KEYSTONE/EPA/DAI KUROKAWA sda-ats

(Keystone-ATS) La Commission électorale kényane n’a pas clarifié dimanche la question de savoir si le vote de la présidentielle de jeudi serait ou pas organisé dans l’ouest du pays. Ce fief de l’opposition a boycotté un scrutin dont le président Uhuru Kenyatta est donné vainqueur.

Lors d’une intervention devant la presse très attendue, le chef de la Commission électorale (IEBC), Wafula Chebukati, s’est dit dimanche soir “satisfait” de la conduite “transparente” du processus électoral, “sauf pour les endroits où le vote n’a pas eu lieu”.

Un nouveau point de presse de la Commission est prévue “dans la première moitié de la journée, demain” lundi, a ensuite précisé l’IEBC. A ce jour, la Commission a compilé et vérifié 251 des 266 circonscriptions où le vote a pu avoir lieu jeudi.

“Tout se fait au grand jour”

M. Chebukati a exhorté les Kényans à “éviter toute spéculation”. “Il n’y a pas de dissimulation de chiffres, tout le processus se fait au grand jour”, a-t-il dit.

Le scrutin de jeudi est fragilisé par le fait que les opérations de vote n’ont pas pu avoir lieu dans quatre comtés de l’ouest (Homa Bay, Kisumu, Migori et Siaya) sur les 47 que compte le pays. Cela représente 25 des 290 circonscriptions du pays (auxquelles s’ajoute la circonscription de la diaspora).

Dans cette région de l’ouest, fief du chef de l’opposition Raila Odinga, une situation chaotique et de graves troubles sécuritaires ont empêché la tenue du scrutin.

Proclamer les résultats?

Dimanche soir, il n’était toujours pas clairement établi si la très large victoire attendue de M. Kenyatta – M. Odinga ayant boycotté l’élection – pouvait être annoncée sans que le vote ait pu avoir lieu dans l’ouest, ce qui maintenait le pays dans la confusion.

Selon la loi électorale, les résultats doivent être annoncés dans les sept jours suivant l’élection, soit d’ici jeudi à minuit. Cette crise politique, la pire depuis dix ans dans ce pays d’Afrique de l’Est, a déjà durement affecté l’économie la plus dynamique de la région et épuisé les Kényans qui pour beaucoup d’entre eux aspirent à reprendre une vie normale.

Le scrutin de jeudi avait été organisé après l’annulation par la justice de la présidentielle du 8 août, à l’issue de laquelle M. Kenyatta avait été proclamé vainqueur face à Raila Odinga. La Cour suprême avait justifié cette décision par des irrégularités dans la transmission des résultats, faisant peser la responsabilité de ce scrutin “ni transparent, ni vérifiable” sur la Commission électorale.

Violences

M. Odinga, 72 ans et trois fois candidat malheureux à la présidence (1997, 2007, 2013), avait fait pression pour obtenir une réforme de cette Commission, mais l’opposition a jugé insuffisants les changements récemment mis en oeuvre et appelé au boycott de la nouvelle élection tenue jeudi.

Le pays a aussi connu ces derniers jours des violences meurtrières: au moins neuf personnes ont été tuées par balle depuis jeudi dans les places fortes de l’opposition (bidonvilles de Nairobi et ouest du pays). Et au moins 49 sont mortes depuis l’élection du 8 août, pour la plupart dans la répression des manifestations par la police.

En déplacement dimanche à Kawangware, un bidonville de Nairobi théâtre ces deux derniers jours de heurts violents, Raila Odinga a prévenu ses rivaux que les Kényans “ne se laisseraient pas gouverner par les armes”.

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