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Première base de données mondiale sur la végétation terrestre

L’utilisation des sols par l’être humain ou les interactions entre différentes plantes – comme la concurrence pour des éléments nutritifs, eau ou lumière par exemple – ont une influence nettement supérieure à ce que l’on supposait sur les communautés végétales. KEYSTONE/PETER SCHNEIDER sda-ats

(Keystone-ATS) La première base de données mondiale sur la végétation a été constituée. Comprenant plus d’1,1 million de relevés, elle permettra de mieux prédire les conséquences du changement climatique et de l’évolution future de l’utilisation des sols.

C’est ce que démontre une étude internationale publiée dans la revue spécialisée “Nature Ecology & Evolution”, à laquelle ont participé des chercheurs de la haute école zurichoise ZHAW, de l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) ainsi que de l’Université de Zurich.

Cette étude a été menée sous la direction du Centre allemand pour la recherche sur la biodiversité intégrative (iDiv) Halle-Jena-Leipzig.

Les plantes vivent en communauté

Chaque espèce de végétal a développé des caractéristiques très différentes pour réagir aux conditions extérieures, expliquent les auteurs. Ces caractéristiques influent notamment sur la quantité de biomasse produite par les plantes, ou celle de dioxyde de carbone qu’elles prélèvent dans l’atmosphère.

Jusque-là, on recherchait surtout au niveau de chaque espèce végétale les possibilités de combinaisons pour ces caractéristiques fonctionnelles. Mais “dans la réalité, une espèce végétale n’est presque jamais seule”, souligne Dirk Karger, de l’Institut fédéral de recherches WSL.

À l’aide de relevés de végétation, on recense ainsi les espèces végétales présentes sur des placettes d’échantillonnage définies pouvant atteindre 1000 mètres carrés. Ces dernières années, de plus en plus de bases de données régionales et nationales ont ainsi été créées. Mais il en manquait une de plus grande envergure.

C’est la raison pour laquelle le Centre de recherche iDiv a lancé l’initiative “sPlot”, qui a permis l’élaboration de la première base de données mondiale.

Approvisionnement en phosphore

Le groupe de chercheurs a combiné le vaste set d’informations de la base de données sur la végétation “sPlot” avec “TRY”, la plus grande base de données au monde sur les caractéristiques végétales. “Il est ainsi possible de mener des recherches sur des problématiques écologiques pour lesquelles une base de données d’envergure manquait jusqu’à présent”, précise Jürgen Dengler, spécialiste de la ZHAW en écologie de la végétation.

Les chercheurs voulaient par exemple savoir si les facteurs mondiaux influençaient les caractéristiques fonctionnelles des communautés végétales. Il est alors apparu que contrairement à l’opinion généralement admise, les températures et les précipitations avaient une influence relativement faible.

Les chercheurs ont au contraire découvert une relation étroite entre les variables climatiques et l’approvisionnement de la feuille en phosphore. Plus une période de végétation est longue, plus la teneur en phosphore de la feuille est faible – ce qui a aussi un impact sur l’épaisseur de la feuille.

L’utilisation des sols par l’être humain ou les interactions entre différentes plantes – comme la concurrence pour des éléments nutritifs, eau ou lumière par exemple – ont une influence nettement supérieure à ce que l’on supposait. Ainsi, des calculs de la production végétale dans une région ne pourront pas, à l’avenir, s’effectuer uniquement à l’aide de simples modèles sur les températures et les précipitations.

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