Des perspectives suisses en 10 langues

Première installation au charbon actif en Suisse lancée à Herisau

(Keystone-ATS) La ville d’Herisau fait oeuvre de pionnière dans la lutte contre les micropolluants. Elle inaugure samedi la première installation suisse de traitement au charbon actif. Côté romand, c’est Lausanne qui joue un rôle précurseur avec sa STEP de Vidy.

L’installation construite et testée ces deux dernières années dans la station d’épuration (STEP) du chef-lieu d’Appenzell Rhodes-Extérieures élimine l’essentiel des micropolluants contenus dans les eaux usées en y mélangeant de la poudre de charbon actif. Les micropolluants se fixent sur la poudre qui est extraite 20 jours plus tard dans le bassin de sédimentation.

Phosphore, résidus de médicaments ou d’hormones issues des pilules contraceptives, restes de pesticides, d’insecticides, de cosmétiques ou de nettoyage, les micropolluants finissent aujourd’hui dans les cours d’eau. Si leur quantité infime est inoffensive pour l’homme, les poissons en subissent souvent les conséquences en souffrant de malformations, de troubles comportementaux ou de stérilité.

Soulager la rivière

A Herisau, deux hôpitaux, de nombreux cabinets médicaux ou dentaires et plusieurs usines textiles alimentaient jusqu’alors la rivière Glatt en micropolluants à travers leurs eaux usées. La nouvelle installation de traitement au charbon actif doit désormais permettre d’assainir ce cours d’eau fortement exposé qui se jette dans la Thur, un affluent du Rhin.

Il s’agit de la première installation de ce type en Suisse, indique à l’ats Regula Ammann-Höhener, membre de l’exécutif d’Herisau. Les expériences faites en Appenzell profitent donc au reste du pays.

Il en va de même d’une autre méthode, mise en oeuvre en première suisse à Dübendorf (ZH) depuis septembre 2014. Cette dernière utilise le procédé d’ozonation qui détruit 80% des micropolluants. “L’efficacité des deux types de traitement est équivalente”, certifie Sébastien Lehmann, collaborateur scientifique à l’Office fédéral de l’environnement (OFEV).

Procédé mixte à Lausanne

Les deux procédés sont même complémentaires, confie à l’ats Fadi Cadri, chef du service de l’assainissement de la Ville de Lausanne. L’ozonation ne s’attaque en effet pas aux mêmes micropolluants que le charbon actif.

Pionnière en Suisse romande, la capitale vaudoise a donc décidé d’équiper sa STEP de Vidy d’une technologie mixte d’ici à 2021 au plus tard, après plusieurs années d’essais. Objectif: éliminer un maximum de micropolluants, soit davantage que les 70% visés par les autorités fédérales.

Ces 20 prochaines années, la Confédération et les cantons vont équiper entre 100 et 120 stations d’épuration, soit un septième d’entre elles. Sont concernées les plus grandes stations, celles de taille moyenne situées près des lacs, ainsi que des stations traitant un grand volume d’eaux usées près des cours d’eau.

Ces aménagements seront financés aux trois quarts par une taxe annuelle maximale de 9 francs par habitant, prélevée dès l’an prochain. Cette dernière sera supprimée une fois les travaux accomplis.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision