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Première rencontre entre Hodler et Giacometti à Winterthour

Ce tableau de jeunesse d'Alberto Giacometti a donné l'idée d'une exposition confrontant l'artiste grison à Ferdinand Hodler. Succession Albeto Giacometti / 2018 ProLitteris, Zurich sda-ats

(Keystone-ATS) Les deux géants de l’art suisse du 20e siècle, Ferdinand Hodler et Alberto Giacometti, réunis pour la première fois dans une exposition: le Musée des Beaux-Arts de Winterthour (ZH) a choisi ce dialogue inédit pour célébrer les 100 ans de la mort d’Hodler.

Les expositions sur Hodler fleurissent pour commémorer le centenaire de sa mort, le 19 mai 1918. Le Musée d’art de Pully met par exemple en lumière les célèbres paysages lémaniques du peintre et le Musée Rath de Genève, en collaboration avec le Kunstmuseum de Berne, se concentre sur les principes esthétiques de l’artiste.

De son approche originale, le Kunstmuseum de Winterthour espère développer un nouveau regard sur l’oeuvre de Hodler, explique le directeur Konrad Bitterli devant les médias jeudi. La juxtaposition avec Giacometti met en évidence la modernité du travail du peintre né à Berne, au-delà du symbolisme et de son rôle de peintre national.

Le dialogue éclaire également sous un nouvel angle l’oeuvre du sculpteur grison, qui avait seize ans au moment de la mort de Hodler. Son rapport avec la tradition devient clairement visible, remarque M. Bitterli.

Ressemblances et différences

L’idée de réunir les deux artistes est venue d’un tableau: “Monte del Forno”, une peinture de jeunesse d’Alberto Giacometti découverte récemment, qui présente, selon M. Bitterli, une ressemblance troublante avec les paysages montagneux de Hodler.

Hodler était un ami de Giovanni Giacometti, le père d’Alberto, et le parrain de son grand frère. Par ailleurs, Hodler était l’artiste suisse incontournable du début du 20e siècle. De près ou de loin, il a forcément exercé une influence sur le jeune Alberto.

Le tableau “Monte del Forno”, en mains privées, est exposé pour la première fois dans un musée. Au total, l’exposition montre plus de 70 objets, dont des oeuvres majeures des deux artistes.

Ainsi, la “Femme de Venise” de Giacometti dialogue avec les allégories hodlériennes “Chant dans le lointain” et “Splendeur des lignes”. Le symbolisme de l’un fait face à la réduction jusqu’au noyau de la figure féminine de l’autre.

Exposition d’envergure

Le groupe de silhouettes de “La clairière” de Giacometti prend une teinte menaçante dans sa confrontation avec “La vérité” de Hodler et ses figures sombres. Dans une autre salle, les autoportraits de Hodler font face aux portraits de Diego Giacometti, frère et sorte d’alter ego du sculpteur.

Une grande partie des oeuvres présentées provient des collections du musée et les autres de collections et musées suisses. Une exposition de cette envergure ne serait pas possible pour un musée de la taille du Kunstmuseum de Winterthour si l’institution ne comptait pas déjà dans ses collections une bonne partie des oeuvres, souligne M. Bitterli.

www.kmw.ch

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