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Prison à vie pour assassinats requise contre Erwin Sperisen

Le premier procureur Yves Bertossa est persuadé qu'Erwin Sperisen était informé du moindre des agissements du commando qui a exécuté sept détenus dans une prison guatémaltèque en 2006. KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) A Genève, le premier procureur Yves Bertossa a requis mercredi la prison à vie à l’encontre d’Erwin Sperisen pour sa participation à l’assassinat de 7 détenus, en 2006. L’accusé dirigeait alors la police nationale du Guatemala.

Le magistrat a demandé une peine de 15 ans de prison au cas où la Chambre pénale d’appel et de révision ne retiendrait que la complicité du prévenu dans ces exécutions. Le Ministère public s’en est par ailleurs remis au tribunal concernant les assassinats de trois évadés dans une autre affaire qui s’était déroulée en 2005.

M. Bertossa a souligné qu’il y avait tous les éléments dans la procédure pour démontrer la culpabilité d’Erwin Sperisen dans l’exécution extrajudiciaires de sept détenus lors de la reprise en main par les forces de sécurité du pénitencier de Pavon, lequel était tombé sous le contrôle des prisonniers.

Au cours de cette opération, sept détenus ont été abattus par un commando agissant en secret. Selon le procureur, cet escadron de la mort avait pour patron Erwin Sperisen. Comment imaginer qu’un groupe composé de l’ami d’enfance et des conseillers personnels de l’accusé ait pu agir sans l’autorisation de ce dernier, s’est-il interrogé.

La fable d’Erwin Sperisen

Dans tous les pays du monde, “c’est les chefs qui décident et les exécutants qui exécutent”, a poursuivi M. Bertossa. Il en va de même au sein de la police du Guatemala. La seule théorie admissible dans cette affaire, selon le magistrat, est qu’Erwin Sperisen ait été informé de ce qui se passait. “Dire le contraire est une fable”.

Erwin Sperisen avait fait de la lutte contre le crime organisé et les policiers corrompus sa priorité, a rappelé le premier procureur. A Pavon, “on le voit en première ligne”. Il n’est pas en claquettes, un appareil de photo en bandoulière, mais surarmé. “Est-ce l’attitude d’un homme à qui on peut cacher quelque chose ?”

Vous ne pouvez pas ignorer les liens hiérarchiques, a indiqué M. Bertossa à l’adresse des juges. Aux yeux du magistrat, l’histoire d’un commando fou qui aurait agi dans le dos d’Erwin Sperisen est tout simplement inconcevable. Une réunion du groupe en présence de l’accusé a même eu lieu devant le pénitencier avant l’opération.

Des crimes d’Etat

Ces exécutions extrajudiciaires s’appellent des crimes d’Etat, a poursuivi M. Bertossa. Pour le procureur, Erwin Sperisen a voulu faire une démonstration de force en éliminant ces détenus. L’intention était aussi d’envoyer un message aux criminels, montrant que la police pouvait les atteindre quand bon lui semblait.

Le procureur a rappelé que Victor Soto, un des membres du commando, a été condamné à 33 ans de prison au Guatemala pour ces crimes. Javier Figueroa, l’ami d’enfance d’Erwin Sperisen, a pour sa part été acquitté par un jury populaire en Autriche. L’ancien ministre de l’Intérieur guatémaltèque Carlos Vielman doit, quant à lui, être prochainement rejugé en appel en Espagne.

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