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Procès Eternit: les accusés connaissaient la nocivité de l’amiante

(Keystone-ATS) Le tribunal de Turin a publié lundi les considérants du procès Eternit. Il en ressort que les industriels suisse Stephan Schmidheiny et belge Jean-Louis de Cartier connaissaient la nocivité de l’amiante, mais n’ont rien fait pour y remédier.

Les deux hommes ont été condamnés à seize ans de prison en février pour la mort de milliers de personnes dans deux des quatre usines italiennes du groupe Eternit S.p.a. Gênes. Dans les 733 pages de considérants, le tribunal juge que leur comportement a été marqué par “une tromperie d’une gravité extrême”.

MM. Schmidheiny et de Cartier – considérés par l’accusation comme les dirigeants de la société – avaient connaissance des problèmes liés à l’amiante, écrivent les juges piémontais, citant en particulier une étude datant de 1968.

“Malgré tout”, ils ont continué et n’ont pas cru devoir agir pour améliorer l’environnement de travail et limiter la pollution dans les usines du groupe. Au contraire, les accusés ont “cherché à cacher et à minimiser les effets nocifs” de l’amiante “pour l’environnement et pour les personnes”, ajoute le document.

Pas de circonstance atténuante

Selon les juges, “aucune circonstance atténuante ne peut être retenue, car il semble évident que les accusés ont agi en exécution d’une même volonté criminelle”.

Certains témoignages “ont fini par rendre évidente la connaissance du danger de l’amiante tout comme la non-adoption de mesures sérieuses et concrètes pour en éviter la diffusion à l’extérieur de l’usine”, ajoutent les magistrats turinois.

“Justice est faite”, se sont félicités le président du parti L’Italie des Valeurs (IdV), Antoniot di Pietro, et la sénatrice Patrizia Bugnano, membre de la commission parlementaire d’enquête sur les maladies du travail. Selon eux, ce jugement met en évidence toute une série de “carences graves et évidentes, tant collectives qu’individuelles” dans la prévention.

Le milliardaire suisse, âgé de 65 ans, et le baron belge, 91 ans, ont été condamnés le 2 février pour “catastrophe environnementale intentionnelle” et “omission volontaire des mesures anticatastrophes”.

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