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Procès de Jérôme Kerviel: l’ex-courtier assure avoir été encouragé

(Keystone-ATS) Paris – Au premier jour de son procès, l’ancien courtier en bourse de la Société Générale, Jérôme Kerviel, a assuré que ses supérieurs l’avaient “encouragé” à continuer dans sa stratégie de prises de positions. Le Français est jugé pour une perte de 4,9 milliards d’euros.
“Les encouragements journaliers de mes supérieurs ne m’ont pas freiné, ils m’ont plutôt encouragé”, a expliqué Jérôme Kerviel devant le tribunal de Paris. “Sur un desk de trading, on est tous à 50 cm les uns des autres, tout se voit tout s’entend”, a-t-il ajouté, soulignant qu’il était “impossible” que les cinq chefs qui se trouvaient à proximité aient pu ignorer ce qu’il faisait.
L’affaire Kerviel, emblématique des excès de la finance, a précédé de quelques mois la crise des “subprime” qui allait précipiter l’économie mondiale au bord du gouffre.
La “fraude” monumentale avait été annoncée le 24 janvier 2008 par la Société Générale qui affirmait avoir découvert six jours plus tôt que son courtier avait pris des positions sur des indices boursiers européens à hauteur de près de 50 milliards d’euros.
Elle les avait “débouclées” (soldées) dans l’urgence, enregistrant une perte de 6,3 milliards, moins 1,4 milliard de gains engrangés par Jérôme Kerviel fin 2007.
Une enquête a démontré les carences des services de contrôle, pour lesquelles la banque s’est vu infliger une amende de 4 millions d’euros par le régulateur du secteur financier, tandis que plusieurs responsables étaient licenciés.
Mais l’enquête judiciaire n’a pas établi de complicités et Jérôme Kerviel est seul poursuivi au pénal pour abus de confiance, faux et usage et faux et “introduction frauduleuse de données” dans un système informatique.
L’homme de 33 ans a admis avoir commis des erreurs et perdu le sens des réalités. Il reconnaît aussi avoir enregistré des opérations fictives pour camoufler des engagements réels, mais assure que c’était monnaie courante dans la salle de marchés. Il encourt cinq ans de prison, 375’000 euros d’amende et des dommages et intérêts à hauteur de la perte record subie par la banque française.

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