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Progrès légers dans la lutte contre la résistance aux antibiotiques

Les responsables de la stratégie Antibiorésistance, approuvée fin 2015 par le Conseil fédéral, ont élaboré des directives nationales pour une utilisation adaptée des antibiotiques par les médecins prescripteurs et dans les hôpitaux (archives). Keystone/PETER KLAUNZER sda-ats

(Keystone-ATS) La consommation d’antibiotiques à l’hôpital en Suisse est en légère hausse, mais dans la moyenne européenne, selon les données de la stratégie nationale Antibiorésistance (StAR) menée par plusieurs offices fédéraux. Dans l’ambulatoire, elle est stable sur deux ans.

Prises isolément, les ventes d’antibiotiques critiques, c’est-à-dire de première priorité tant pour la médecine humaine qu’animale, ont connu elles un fléchissement général. En 2016, elles ont baissé d’un quart par rapport à 2015. “Un renversement de tendance réjouissant”, a dit vendredi devant les médias à Berne l’une des responsables de StAR, Karin Wäfler, de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).

Les antibiotiques critiques doivent être prescrits aux patients pour lesquels aucune autre thérapie n’est possible. Cette idée est au coeur des directives nationales élaborées par les responsables de la stratégie Antibiorésistance, qui pourront être consultées dès 2018. Il s’agit de recommandations pour un usage adapté des antibiotiques par les médecins prescripteurs et dans les hôpitaux.

Car l’enjeu est de taille: chaque année en Suisse, des centaines de personnes meurent à cause d’infections déclenchées par des bactéries résistantes aux antibiotiques. En réponse, très peu d’avancées légales. Les offices fédéraux, à travers le projet StAR approuvé il y a deux ans par le Conseil fédéral, cherchent plutôt à conseiller et à sensibiliser tous les acteurs ainsi que la population.

Pas d’effet sur les virus

Une vague de communication est prévue lors de la “Semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques”, entre le 13 et le 19 novembre, avec l’organisation de nombreuses conférences et séminaires sur le thème de l’antibiorésistance dans toute la Suisse. Une vaste campagne de sensibilisation suivra aussi en 2018, a assuré Corinne Corradi de l’OFSP, responsable du projet StAR en médecine humaine.

En collaboration avec la Fédération des médecins suisses (FMH) et la Société suisse des pharmaciens (pharmasuisse), les offices fédéraux ont aussi élaboré un flyer à distribuer aux patients lors de la remise d’antibiotiques dans les cabinets médicaux ou en pharmacie. Il rappelle que ces produits n’ont aucun effet sur les virus et que le corps n’en a souvent pas besoin pour guérir de maladies.

Baisse à long terme

En médecine vétérinaire, la distribution d’antibiotiques a diminué de 20 à 25% entre 2013 et 2016. Un recul notamment dû au renforcement des règles de remise de ces médicaments vétérinaires depuis avril 2016. Cette tendance montre aussi que la sensibilisation fonctionne bien dans ce secteur, a assuré Dagmar Heim, de l’Office fédéral des affaires vétérinaires (OSAV).

Ces chiffres ne concernent toutefois que les quantités d’antibiotiques délivrées, et non les traitements. Ils ne montrent pas non plus si les médicaments ont été administrés par injection ou via des prémélanges pour aliments. Les règles ont été renforcées, ce qui induira très probablement une baisse à long terme, a affirmé Jean-Charles Philipona, de l’Institut agricole de l’Etat de Fribourg.

Selon la révision d’ordonnance entrée en vigueur en avril 2016, les antibiotiques en médecine vétérinaire ne peuvent plus être distribués à titre prophylactique pour faire des stocks. Le Département fédéral de l’intérieur peut en outre limiter la remise pour stockage d’antibiotiques contre lesquels il existe encore peu de résistance et qui sont réservés au traitement de cas graves.

Trente-cinq mesures

Pour le volet vétérinaire, les responsables du projet ont rédigé un ensemble de recommandations. Ce guide thérapeutique destiné aux vétérinaires indique comment éviter les antibiotiques et y avoir recours si nécessaire seulement. Les milieux agricoles, “très sensibles à la thématique” selon M. Philipona, sont aussi inclus dans ce combat, souvent via des projets de conseils aux producteurs.

En matière de résistance aux antibiotiques, la situation en Suisse demeure très variée selon les types d’agents pathogènes, a expliqué Karin Wäfler. De manière générale, on constate de plus fortes résistances, mais aussi des résistances stables ou en recul. Chez les animaux d’élevage, c’est particulièrement difficile à estimer au vu de la variété des espèces et des formes de production.

Dans les élevages de porcs, de volailles et de veaux, de nombreuses maladies ont pu être évitées grâce à des mesures préventives, ont par ailleurs rappelé les responsables du projet StAR. Ce dernier contient au total 35 mesures depuis son lancement il y a deux ans. Elles sont actuellement mises en oeuvre dans tous les domaines et certaines d’entre elles sont en passe d’aboutir, selon StAR.

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