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Promouvoir la biodiversité dans son propre jardin et pleine ville

Les zones urbanisées constituent de réels refuges pour les espèces qui se voient privées de leur habitat naturel. Ces oasis de nature sont aussi très appréciées des citadins: en plus d'être visuellement attrayantes, elles sont des lieux de ressourcement. Flurin Bertschinger - OFEV sda-ats

(Keystone-ATS) Lézards, papillons ou abeilles : l’existence de nombreuses espèces animales et végétales est en danger en Suisse. Mais tout le monde peut contribuer à la promotion de la biodiversité dans son propre jardin et au cœur de la ville.

A l’occasion de la Journée internationale de la biodiversité, qui a lieu mardi, le Conseil fédéral encourage la population à contribuer à la biodiversité. “Si vous avez un jardin, vous pouvez créer un espace le plus naturel possible pour les plantes et les animaux”, recommande l’Office fédéral de l’environnement (OFEV).

La jardinière de l’Etablissement horticole de la Confédération, juste en dessous du Palais fédéral, au coeur de la capitale, est considérée comme un excellent exemple de la manière dont la biodiversité peut également être conservée et améliorée en zone urbanisée. Véritable oasis en ville, cet espace a été créé pour diverses espèces de plantes et d’animaux.

“Nos murs de pierres sèches hébergent de nombreux lézards. De plus, des abeilles sauvages, des coléoptères, des araignées, des fourmis, des papillons et plusieurs espèces d’oiseaux vivent ici”, explique Peter Gabi, chef de l’Etablissement horticole de la Confédération, qu’il gère depuis 17 ans. Des fleurs sauvages, comme la sauge des prés, les marguerites, les gaillets, les centaurées, les plantains lancéolés et d’autres herbes sauvages enrichissent cette diversité.

Diversifier son balcon et son jardin

Ainsi, les zones urbanisées constituent de réels refuges pour les espèces qui se voient privées de leur habitat naturel. Ces oasis de nature sont également très appréciées des citadins: en plus d’être visuellement attrayantes, elles sont des lieux de ressourcement et contribuent donc de manière importante à améliorer la qualité de vie.

En outre, les espaces verts jouent un rôle primordial, bien que moins flagrant, dans l’amélioration de la qualité de l’air, la régulation de la température, le filtrage des polluants, le stockage du CO2 et l’absorption de l’eau de pluie, souligne l’OFEV.

Les plantes en fleurs des jardins et des balcons, même petits, offrent de la nourriture aux abeilles sauvages et aux papillons, rappelle l’OFEV. A ce titre, il est primordial de choisir une grande part d’espèces indigènes, insiste Peter Gabi. Il recommande par exemple de planter de la verveine, des cosmos ou des zinnias, mais également des herbes aromatiques à fleurs comme l’origan, le thym, la ciboulette ou la bourrache.

Reconsidérer les feuilles mortes

Tout jardin devrait pouvoir abriter plantes et animaux grâce à des méthodes de culture et un aménagement respectueux de la nature. Les pelouses peuvent être garnies de fleurs sauvages ou remplacées par des prairies fleuries naturelles, et des bosquets indigènes devraient être plantés à la place d’espèces exotiques.

Pour créer des conditions favorables à l’hibernation des animaux, Peter Gabi conseille de laisser des feuilles à même le sol à certains endroits tranquilles du jardin en automne. “Les feuilles mortes offrent en effet un abri idéal aux hérissons et à d’autres petits animaux pour se protéger des frimas de l’hiver”.

La Suisse en retard

Au printemps, si les arbres en fleurs et les pelouses sont verdoyantes, cela cache trop facilement à quel point la diversité biologique de la Suisse se trouve dans un mauvais état. D’ailleurs, 25 ans après l’entrée en vigueur de la Convention de l’ONU sur la biodiversité, l’OFEV dresse un bilan mitigé.

Selon Hans Romang, chef de la division Espèces, écosystèmes, paysages de l’OFEV, “une part importante de la population n’est pas consciente de l’état critique de la diversité biologique dans notre pays. Ce spécialiste explique que, aujourd’hui, “nous sommes malheureusement arrivés à un point où nous devons nous inquiéter de la survie d’une grande partie des espèces indigènes”. “Des milieux naturels entiers disparaissent de la carte du pays”, avertit-il.

Les associations environnementales ne voient donc aucune raison de se réjouir. Pro Natura rappelle par exemple que la Suisse est loin d’atteindre ses objectifs internationaux. “Seul 6,2% du territoire national est protégé en Suisse. Cela signifie que notre pays est loin de l’objectif international de protéger 17% de la superficie du pays d’ici 2020”, critique Pro Natura.

Afin d’atteindre au moins partiellement les objectifs internationaux et nationaux en matière de biodiversité, les mesures contenues dans le Plan d’action du Conseil fédéral pour la biodiversité de 2017 doivent être mises en œuvre rapidement, exige l’organisation.

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