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Réformes majeures contre la corruption votées en Irak

(Keystone-ATS) Le Parlement irakien a approuvé mardi, à l’unanimité et avec une célérité inhabituelle, des réformes majeures. Elles donnent au gouvernement les moyens de lutter contre la corruption et d’améliorer les services publics, après des semaines de contestation populaire.

En Irak, une adoption par les députés d’importantes décisions donne généralement lieu à des batailles entre les différents blocs politiques. De nombreux parlementaires boycottent même les sessions pour empêcher d’atteindre le nombre de représentants suffisant de voter.

Mais mardi le plan de réformes “a été unanimement approuvé” par un vote à mains levées, a annoncé le président du Parlement Salim al-Joubouri sous les applaudissements. Et 297 députés étaient présents sur les 328 que totalise le Parlement.

Vice-Premier ministres ciblés

Même si les réformes visant à réformer en profondeur le fonctionnement de l’Etat ont été facilement votées, leur application s’annonce ardue. Les partis politiques profitent généralement de la corruption en Irak.

La mesure phare du plan Abadi est la suppression “immédiate” des postes des trois vice-Premier ministres et trois vice-présidents, dont Nouri al-Maliki, prédécesseur et rival de M. Abadi dont les mandats ont été marqués par des accusations de corruption et d’autoritarisme.

Parmi les dispositions ajoutées par le Parlement figurent la possibilité pour les députés de voter une motion de défiance contre des ministres “négligents et corrompus” et la mise en place d’une loi destituant les parlementaires trop souvent absents. Une limite à deux mandats a été établie pour les personnages les plus importants de l’Etat: le Premier ministre, qui a les plus larges pouvoirs, le président et le chef du Parlement.

Division au sein du pays

Une réforme du système judiciaire est aussi prévue. Ces mesures sont destinées à répondre au mécontentement grandissant au sein de la population qui manifeste depuis plusieurs semaines pour protester contre la corruption généralisée de la classe politique, la mauvaise gouvernance et le délabrement des services publics.

De plus, un appel pressant de la plus haute autorité chiite du pays à agir avec “courage” contre la corruption a poussé à accélérer les décisions sur ces réformes.

Le programme du gouvernement propose que les responsables ne soient plus choisis selon leur spécificité confessionnelle ou ethnique mais selon “leurs compétences, honnêteté et expérience”.

L’Irak à majorité chiite est miné par les dissensions confessionnelles. Ces divisions ont été mises à profit par le groupe djihadiste Etat islamique (EI) pour saisir en 2014 des pans entiers du territoire, avec la complaisance de sunnites dans certaines régions. Et l’EI continue de revendiquer des attentats sanglants dans les secteurs hors de son contrôle.

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