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Régime Assad visé pour “crimes contre l’humanité”

(Keystone-ATS) Une enquête pénale pour “crimes contre l’humanité” a été ouverte en France visant le régime de Bachar al-Assad, pour des exactions commises en Syrie entre 2011 et 2013. Paris appelle à “agir contre l’impunité de ces assassins”.

“Face à ces crimes qui heurtent la conscience humaine, à cette bureaucratie de l’horreur, face à cette négation des valeurs d’humanité, il est de notre responsabilité d’agir contre l’impunité de ces assassins”, a affirmé le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius dans une déclaration transmise à l’AFP.

Après un signalement du ministère français des Affaires étrangères, le parquet de Paris a ouvert le 15 septembre une enquête préliminaire pour “crimes contre l’humanité”, a annoncé une source proche du dossier. L’information a été confirmée par une source diplomatique.

L’enquête se base notamment sur le témoignage de “César”, un ex-photographe de la police militaire syrienne qui s’était enfui de Syrie en juillet 2013. Il avait emporté avec lui 55’000 photographies effroyables de corps torturés.

“Le rapport César – des milliers de photos insoutenables, authentifiées par de nombreux experts, qui montrent des cadavres torturés et morts de faim dans les prisons du régime – témoigne de la cruauté systématique du régime de Bachar al-Assad”, a déclaré M. Fabius, qui se trouve à New York pour l’Assemblée générale des Nations unies.

Le chef de la diplomatie française a appelé l’ONU et notamment la Commission d’enquête internationale sur la Syrie “à poursuivre avec une détermination renforcée” ses investigations.

Un rapport “politique”

Le ministère des Affaires étrangères a signalé les faits au procureur de Paris. Les enquêteurs de l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité, les génocides et les crimes de guerre (OCLCHGCG) ont été chargés de mener les investigations.

Ils travailleront notamment à partir des photos accumulées pendant deux ans par cet homme se faisant appeler “César”, qui fut photographe aux ordres du régime syrien avant d’être exfiltré de Syrie en juillet 2013. Il dit avoir travaillé dans une unité de documentation de la police militaire syrienne.

Plusieurs photos d’une cruauté insoutenable, provenant d’une carte-mémoire emportée par “César”, avaient été projetées à Paris en mars 2014. Ecrit en anglais en lettres couleur sang, et intitulé “Assad’s secret massacres”, le photoreportage était destiné aux instances internationales dont l’ONU, pour instruire un dossier sur la responsabilité du régime dans des “tortures de masse”.

Sur ces clichés, on voyait des yeux arrachés, des gens avec des lésions sur le dos ou le ventre, des corps décharnés et aussi une photo montrant une centaine de cadavres gisant dans un hangar, au milieu de sacs de plastique devant servir à les enterrer. Damas avait alors qualifié ce rapport de “politique”.

Sur toutes les bouches

L’annonce de cette enquête intervient alors que la crise syrienne est au centre de l’Assemblée générale de l’ONU à New York.

Lundi, le président François Hollande a affirmé à l’ONU qu'”on ne peut pas faire travailler ensemble les victimes et le bourreau”, se prononçant ainsi pour l’exclusion de Bachar al-Assad d’une solution politique au conflit.

Mardi, le président américain Barack Obama a insisté sur le départ du président syrien pour vaincre le groupe Etat islamique alors que Moscou veut au contraire le maintenir au pouvoir. De son côté, le président français François Hollande a affirmé lundi à l’ONU qu'”on ne peut pas faire travailler ensemble les victimes et le bourreau”, excluant ainsi Bachar al-Assad d’une solution politique au conflit.

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