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Réseaux sociaux-Un million de Turcs disent “assez” à Erdogan

"Si un jour notre pays dit 'assez', nous nous retirerons", a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan lors d'un discours devant le parlement. KEYSTONE/EPA TURKISH PRESIDENT PRESS OFFICE sda-ats

(Keystone-ATS) Plus d’un million de Turcs ont dit mardi “assez” à leur président, Recep Tayyip Erdogan, sur les réseaux sociaux. Le chef de l’Etat avait promis dans la journée lors d’un discours devant le parlement de démissionner si la population en exprimait le souhait.

Peu après cette allocution, le hashtag #Tamam (Assez, en turc) est devenu viral sur Twitter en Turquie. Et plus d’un million de messages étaient recensés dans la soirée sur les réseaux sociaux. “Nous voulons la démocratie, aussi disons-nous #Tamam à Erdogan. S’il vous plaît, partez, vous avez fait des choses mauvaises à votre pays et à votre peuple. Assez!”, déclarait un utilisateur de Twitter.

Trois rivaux de Recep Tayyip Erdogan pour l’élection présidentielle ont eux aussi pris part à cette initiative. “Le temps est écoulé. Assez!”, a déclaré sur Twitter le candidat du Parti républicain du peuple (CHP), principal parti d’opposition, Muharrem Ince.

Des personnes sont également descendues dans les rues d’Istanbul pour manifester. Dix manifestants ont été arrêtés par la police puis relâchés rapidement, ont rapporté les médias locaux.

Robots informatiques

Le gouvernement estime de son côté que cette vague de messages a été lancée par des robots informatiques. Robots programmés par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) turc, vu par Ankara comme une organisation terroriste, et par Fethullah Gülen, le prédicateur en exil accusé par Ankara d’être à l’origine du putsch manqué de juillet 2016.

“La plupart (des messages) sont envoyés depuis des pays où le FETO (le mouvement de Gülen, ndlr) et le PKK sont actifs. La plupart sont des comptes robotisés. (…) Qu’en est-il des messages depuis l’intérieur (du pays) ?”, a déclaré le porte-parole du parti au pouvoir, le Parti de la Justice et du Développement (AKP).

Une élection présidentielle anticipée, couplée à des législatives, aura lieu le 24 juin en Turquie et le sortant Erdogan est grand favori. Le vainqueur de l’élection présidentielle disposera d’un pouvoir exécutif élargi avec le passage d’un régime parlementaire à un régime présidentiel, conformément à la réforme constitutionnelle approuvée de justesse l’an dernier par référendum.

Erdogan, dirigeant le plus populaire et le plus clivant de l’histoire récente du pays, est à la tête de la Turquie depuis 15 ans.

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