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Relations de plus en plus tendues entre la Russie et l’Ukraine

M. Poutine a accusé les autorités ukrainiennes d'être "passées à la terreur" suite à une annonce de ses services de renseignement, affirmant avoir déjoué des "attentats" préparés par l'Ukraine (archive). KEYSTONE/EPA SPUTNIK POOL/ALEXEI NIKOLSKY/SPUTNIK/KREMLIN POOL sda-ats

(Keystone-ATS) Nouvelle escalade entre Moscou et Kiev suite à de supposés attentats. Le président ukrainien a demandé jeudi la mise en alerte des unités militaires proches de la Crimée et du Donbass, alors que le président russe a annoncé un renforcement de la sécurité en Crimée.

“J’ai ordonné à toutes les unités dans les régions situées au niveau de la frontière administrative avec la Crimée et le long de la ligne de front dans le Donbass (est de l’Ukraine) de se mettre en état d’alerte”, a annoncé le président ukrainien Petro Porochenko sur le réseau social Twitter. Il sortait d’une réunion avec des représentants des forces armées et du ministère ukrainien des Affaires étrangères.

“Nous nous préparons à tout”, a indiqué un haut responsable au sein des services de sécurité ukrainiens. Il juge “possible” une invasion russe. “C’est une escalade, bien sûr”.

Le président ukrainien a réclamé la tenue d’une conférence téléphonique avec le président russe Vladimir Poutine et plusieurs dirigeants occidentaux, dont François Hollande et Angela Merkel. Ces derniers ont négocié avec Kiev et Moscou les accords de Minsk. Il a également affirmé vouloir s’entretenir avec le vice-président américain Joe Biden et le président du Conseil européen Donald Tusk.

L’Ukraine, membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, a aussi réclamé la tenue de consultations urgentes à huis clos. Le Conseil de sécurité se réunira jeudi encore.

Sécurité renforcée

La déclaration de M. Porochenko intervient peu après l’annonce, le même jour, par M. Poutine du renforcement de la sécurité dans la péninsule de Crimée. La région avait été annexée par Moscou en mars 2014.

Selon le Kremlin, le président russe a réuni son Conseil de sécurité et “des mesures supplémentaires ont été discutées pour assurer la sécurité des citoyens et les infrastructures vitales de Crimée”. Les membres du conseil ont “étudié en détail les scénarios concernant les mesures antiterroristes pour protéger la frontière terrestre, les eaux territoriales et l’espace aérien de Crimée”.

Saboteurs-terroristes

Ces échanges constituent la plus forte montée de fièvre entre Moscou et Kiev, à couteaux tirés depuis l’arrivée au pouvoir de pro-occidentaux en Ukraine, début 2014. Ils ont été provoqués par une annonce des services secrets russes, qui affirmaient mercredi avoir déjoué des “attentats” préparés par l’Ukraine.

Selon eux, des incursions, menées par des “saboteurs-terroristes”, ont coûté la vie à un agent du FSB et un militaire russe. M. Poutine avait alors accusé les autorités ukrainiennes d’être “passées à la terreur”.

Le président ukrainien a dénoncé des accusations “absurdes et cyniques”. Elles sont, d’après lui, utilisées comme “prétexte pour de nouvelles menaces militaires à l’égard de l’Ukraine”.

Les Etats-Unis, via leur ambassadeur en Ukraine Geoffrey Pyatt, ont indiqué n’avoir “rien vu corroborant les allégations russes”. Ils ont accusé Moscou d’utiliser “fréquemment de fausses accusations pour détourner l’attention de ses actes illégaux”.

Exercices militaires

L’état-major des forces armées ukrainiennes a par ailleurs indiqué que des exercices militaires étaient en cours depuis mercredi soir dans le sud de l’Ukraine. Il s’agit de manoeuvres qui avaient été programmées avant les accusations de Moscou, a précisé un porte-parole.

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