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Rester numéro un: défi pour l’innovation suisse après le 9 février

(Keystone-ATS) Environ 200 personnalités du monde politique et économique se sont penchées lundi à Neuchâtel sur les conditions-cadre nécessaires pour que la Suisse reste numéro un mondial de l’innovation. L’acceptation de l’initiative contre l’immigration de masse crée de grandes incertitudes.

“Il est facile d’arriver au sommet. Il est beaucoup plus dur d’y rester”, a déclaré le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann lors de la Journée de l’innovation organisée par l’Université de Neuchâtel dans le nouveau bâtiment Microcity de l’EPFL. Il a rejeté toute “recette du succès”, mais évoqué des facteurs dont la formation et la recherche qui y contribuent.

Le CEO du Centre suisse d’électronique et de microtechnique (CSEM), Mario El-Khoury, a rappelé que “l’innovation n’est pas une option mais une nécessité” pour la Suisse, vu ses faibles ressources naturelles et son petit marché domestique. Pour y arriver la composante industrielle doit rester solide, au moins 20 %.

Le président de l’Ecole polytechnique de Lausanne (EPFL), Patrick Aebischer, reconnaît toutefois que la situation a beaucoup évolué en Suisse en 20 ans au niveau de la culture de l’entrepreneuriat.

Il déplore les différences entre le Fonds national suisse (FNS) et la Commission pour la technologie et l’innovation (CTI) qui empêche les projets communs entre EPF et HES.

L’acceptation de l’initiative contre l’immigration pourrait constituer un frein à l’innovation.

La Suisse va poursuivre le dialogue et trouver les meilleures solutions possibles, a dit Johann Schneider-Ammann.

Nestlé ne veut pas perdre ses scientifiques

Patrick Aebischer est beaucoup moins confiant. “C’est un désastre”, a-t-il déclaré.

Pour lui, le vrai problème est celui des contingents. “Si l’on obtient que 20 places pour des postdoctorats, on est mort. La recherche doit être faite avec les meilleurs scientifiques”, d’où qu’ils viennent. Actuellement, les 80 % des postdocs de l’EPFL viennent de l’étranger, soit environ 1000 personnes.

Selon le président du conseil d’administration du géant alimentaire vaudois Nestlé, Peter Brabeck-Letmathe, “le peuple suisse n’a pas voté contre les scientifiques étrangers, mais contre les abus de la générosité suisse en matière d’immigration”. Il est relativement optimiste.

Selon un sondage réalisé auprès de 150 dirigeants de start-up, 44 % d’entre eux pensent que la votation du 9 février aura un impact direct sur leurs ressources humaines et 15 % qu’il y aura des conséquences sur la localisation de leur jeune pousse dans le futur. Inquiétant, “quand on sait l’importance des ressources humaines dans une start-up qui ne compte souvent que quelques personnes”, a ajouté l’auteur du sondage Raphaël Briner.

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