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Rousseff dit que sa destitution porterait préjudice au Brésil

(Keystone-ATS) La présidente brésilienne Dilma Rousseff a affirmé mardi à Brasilia que sa destitution porterait préjudice à la “stabilité politique du Brésil”. Elle s’est exprimée lors d’une conférence de presse réservée aux correspondants étrangers.

“Elle n’apportera pas de stabilité politique au Brésil parce que c’est une rupture avec la base de la démocratie”, le respect du suffrage universel, a déclaré l’impopulaire dirigeante de gauche.

La procédure de destitution la visant a été approuvée dimanche par les députés, à une écrasante majorité de plus des deux tiers. Elle est à présent entre les mains du Sénat, qui pourrait écarter Mme Rousseff du pouvoir dès la première quinzaine de mai pendant un maximum de six mois par un vote à la majorité simple, en attendant un jugement final.

“Ce à quoi nous assistons n’est pas un processus d’impeachment, mais une tentative d’élection indirecte provenant d’un groupe qui n’aurait pas les conditions de se faire élire” lors d’une élection présidentielle à la régulière, a affirmé Mme Rousseff. Elle se référait au vice-président Michel Temer, son ancien allié centriste devenu rival, crédité d’à peine 1 à 2% d’intentions de vote en cas d’élection présidentielle au suffrage universel.

Pédalage budgétaire

Cette procédure de destitution “est un coup d’Etat”, a répété Mme Rousseff. “Il est entaché d’un péché originel parce qu’il ne repose sur aucune des bases légales” prévues par la Constitution pour motiver la destitution d’un président, a-t-elle expliqué.

L’opposition accuse Mme Rousseff d’avoir maquillé les comptes publics en 2014 pour dissimuler aux Brésiliens l’ampleur des déficits publics et se faire réélire, ainsi qu’en 2015. Concrètement, le gouvernement avait fait supporter provisoirement par des banques publiques des dépenses lui incombant dans le respect de la loi de finances votée au parlement, tardant à rembourser.

Mme Rousseff s’est défendue en disant que tous ses prédécesseurs avaient eu recours à ce genre de “pédalages” budgétaires sans être inquiétés.

Elle a aussi dénoncé “une part de sexisme” dans la campagne politique menée pour l’évincer. “On me réserve parfois un traitement qu’on n’aurait certainement pas réservé à un homme président”, a-t-elle affirmé.

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