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Schneider-Ammann demande à l’OIT une réforme du Pacte pour l’emploi

Johann Schneider-Ammann était l'invité d'honneur de l'OIT. KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) Economie numérique, industrie durable et protection sociale: Johann Schneider-Ammann a appelé lundi à Genève les pays de l’OIT à adapter le Pacte pour l’emploi. Il était l’invité d’honneur du début de la 105e Conférence internationale du travail.

“La transformation du monde du travail s’accélère”, a relevé le président de la Confédération dans son discours. Les nouvelles relations ne reflètent pas toutes le modèle habituel de l’employé et du salarié.

Les nouvelles technologies et la libéralisation de l’économie ont permis de nouveaux types d’emploi. Mais il n’existe “aucun modèle économique ni aucune solution” applicable à tous, a affirmé M. Schneider-Ammann.

Dans le nouvel environnement, l’économie numérique “remet en question les formes actuelles de direction et la sécurité des processus digitaux”, affirme le chef du Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche (DEFR). Elle exigera de nouvelles relations de travail sur lesquelles les membres de l’Organisation internationale du travail (OIT) devront se prononcer.

Contrôle des normes

Autre préoccupation, les changements rapides dans les outils de la production industrielle. La compétitivité sur le marché reste importante, mais elle devra associer la gestion “des coûts énergétiques et des technologies vertes”.

La société numérique devra aussi s’accompagner d’infrastructures de haute valeur et de force d’innovation. Un dispositif qui demandera toujours plus d’employés qualifiés, de nouvelles formations et d’autres types d’emplois. Et le président de la Confédération de demander également si l’OIT doit encore établir des règles internationales sur le “travail” plutôt que sur la “protection sociale”.

Selon lui, l’OIT doit actualiser son Pacte mondial pour l’emploi adopté en 2009. Il souhaite également que le système de contrôle des normes soit adapté.

Dialogue avec les partenaires sociaux

Le président de la Confédération a signé un accord avec le directeur général de l’OIT Guy Ryder pour financer des projets d’aide au développement de l’organisation. Cette aide impactera de manière positive l’emploi, les conditions de travail et les migrations dans de nombreux pays, a-t-il estimé.

Il a également salué le rapport de M. Ryder qui insiste sur la lutte contre la pauvreté. La Suisse souhaite contribuer par son engagement à l’OIT aux Objectifs du développement durable (ODD) et à cette lutte.

Auparavant, le chef du DEFR avait rencontré dans la matinée les partenaires sociaux avec lesquels il discute de l’avenir du travail. M. Schneider-Ammann doit également insister sur cet engagement lors du lancement début 2017 de la Commission mondiale de haut niveau sur cette question à l’OIT.

Devant les délégués, M. Ryder a lui affirmé que si les niveaux déjà inacceptables d’inégalités se poursuivent, tous les acteurs du monde du travail “seront perdants”. Les ODD et les défis de l’OIT sont largement liés, a-t-il encore affirmé. Près de 10’000 milliards de dollars seront nécessaires pour atteindre l’objectif d’éradiquer la pauvreté dans le monde d’ici 2030, selon son rapport présenté mi-mai devant la presse à Genève.

Sommet avec Juncker à Genève

Un tiers de ce montant ne pourra être obtenu qu’avec des emplois de qualité. Les délégués devront adopter mercredi son rapport. Parmi les autres réunions de la Conférence, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker doit participer le 9 juin à un sommet sur le chômage des jeunes.

Plus de 6000 représentants des 187 gouvernements et des partenaires sociaux doivent se pencher jusqu’au 10 juin notamment sur cette question mais aussi le travail décent dans les chaînes d’approvisionnement mondiales. Un thème “pas facile mais important”, selon M. Ryder. Les délégués doivent encore discuter de l’impact de la Déclaration de l’OIT de 2008 sur la justice sociale et d’amendements au code de la convention du travail maritime.

A relever également que les candidats pour prendre la place de M. Ryder devront s’annoncer d’ici mi-juillet. Son mandat s’achève fin septembre 2017.

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