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Siège de CS bloqué à Zurich: peu de compréhension pour les accusés

Des militants pour la protection du climat ont mené mercredi une action de solidarité devant le bâtiment du tribunal. Sur la photo, une banderole souligne que "la protection du climat n'est pas un crime". KEYSTONE/ALEXANDRA WEY sda-ats

(Keystone-ATS) Neuf activistes de la protection du climat, dont sept Romands, ont comparu mercredi devant la justice zurichoise. En juillet 2019, ils ont bloqué l’entrée du siège de Credit Suisse. Le procureur s’est montré peu compréhensif. Le jugement est attendu vendredi.

Au cours de l’audience devant le Tribunal de district de Zurich, le représentant du Ministère public a dit comprendre la colère des jeunes liée au changement climatique. Sa compréhension s’arrête toutefois là où des violations de la loi sont commises, a déclaré le procureur.

“Tout un cinéma”

“Vous pourriez participer au processus politique, mais vous préférez faire tout un cinéma durant une matinée”, a-t-il reproché aux militants – six femmes et trois hommes – accusés de contrainte et, pour huit d’entre eux, de violation de domicile. Selon le procureur s’enchaîner devant une grande banque “n’apporte rien au climat”.

L’accusateur réclame contre les prévenus des peines pécuniaires de 90 jours-amende à 30 francs avec sursis, assorties d’une amende de 500 francs. D’après lui, la culpabilité des activistes n’est pas si légère, car l’intervention de la police s’est révélée très coûteuse.

Activistes “choqués” par le procureur

Au nom de ses camarades, un accusé s’est déclaré “choqué” que le procureur les ait traités de “naïfs”. “Il ne nous restait plus aucune alternative à cette action de protestation”, a déclaré le militant romand à la Cour. Toutes les autres options avaient été épuisées, selon lui.

De plus, personne n’avait en réalité été empêché d’entrer dans la banque, car personne ne s’était présenté devant les entrées bloquées, a-t-il soutenu.

Seuls deux des neuf prévenus ont accepté de dire quelques mots à la Cour. Une horlogère romande a souligné que les actes poursuivis étaient de nature symbolique et n’avaient pas enfreint la loi. L’accusée a toutefois refusé de dire qui avait organisé l’action menée devant le siège de Credit Suisse à Zurich.

Classement réclamé par la défense

Les autres activistes n’ont pas voulu s’exprimer. Ils ont renvoyé la Cour à leurs avocats qui ont réclamé le classement sans suite de la procédure.

Pour la défense en effet, les inculpations ne sont pas valides. Les prévenus ont fait recours contre l’ordonnance pénale les sanctionnant, raison pour laquelle ils comparaissent. Or le Ministère Public a augmenté la peine pécuniaire qu’il requiert entre l’ordonnance pénale (60 jours-amende avec sursis) et le procès (90), sans que de nouveaux éléments ne le justifient.

L’audience se déroule dans la grande salle de la Maison du peuple, non loin du tribunal, afin que les mesures anti-pandémiques de distance sociale puissent être respectées. La Cour doit rendre son jugement vendredi à 14h00.

64 personnes interpellées, 51 poursuivies

Le 8 juillet 2019 à Zurich, les sept femmes et les deux hommes inculpés ont pris part à un sit-in devant l’entrée de la grande banque, à Paradeplatz. But de leur action: bloquer l’accès au bâtiment pour protester contre les activités bancaires nuisibles, selon eux, pour le climat et exiger des grandes banques qu’elles cessent immédiatement de financer l’extraction du charbon, du pétrole et du gaz.

Les militants ont aussi placé des pots de plantes et des vélos cadenassés entre eux. Les policiers ont dû briser des chaînes avec un disque à trancher, puis évacuer les activistes en les portant. Ils ont interpellé 64 personnes. 51 militants ont été poursuivis par la justice dont 42 ont accepté la sanction par ordonnance pénale. Ces derniers ne comparaissent donc pas.

Certains jeunes activistes ont passé deux jours en détention. Cette mesure était nécessaire pour respecter la procédure jusqu’à ce que les ordonnances pénales puissent être délivrées pour un tel nombre de personnes arrêtées, avait alors justifié le Ministère public.

Acquittements à Bâle

En janvier dernier, la justice de Bâle-Ville a acquitté cinq activistes qui avaient bloqué, le même jour avec 14 camarades et pour les mêmes raisons, l’entrée au siège administratif de l’UBS, dans la cité rhénane. La Cour avait estimé que le rassemblement avait été paisible et non menaçant.

Les procès climatiques occupent aussi le Tribunal fédéral. En effet, les juges de Mon Repos doivent se pencher sur le cas des douze activistes du climat qui avaient singé une partie de tennis chez Credit Suisse à Lausanne. Ces militants, qui ont été condamnés par la Cour d’appel du Tribunal cantonal vaudois, ont saisi la Haute Cour en novembre dernier.

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